Back
Enchantement Tourcoing Théâtre Municipal 05/21/2000 - Johann Sebastian Bach : Cantates Profanes
Cantates des Paysans (" Mer Hahn en neue Oberkeet ") BWV 212 : Chantal Perraud (Mieke), Bruno Rostand (Der Bauer)
Cantate du Café (" Schweigt stille, plaudert nicht ") BWV 211 : Chantal Perraud (Lieschen), Bruno Rostand (Schlendrian), Serge Goubioud (Erzähler)
Suite en si mineur BWV 1067
Alain Carré (mise en scène), André Lebacq (décors), Dominique Louis (costumes), Romana Agnel (chorégraphie), Jacky Lautem (lumières), Romana Angel, Joanna Fituch, Artur Dobranski, Michail Zubkow (danseurs), Valérie Van Loo (travail de mime), Amélie Michel (flûte), La Grande Ecurie & La Chambre du Roy, Jean-Claude Malgoire (direction musicale)
Un magnifique spectacle termine une saison particulièrement réussie. Dans le cadre de la célébration du 250e anniversaire de la mort de Bach et des traditionnelles semaines chorales de Tourcoing, Jean-Claude Malgoire et son équipe ont eu l’idée de mettre en parallèle la musique sacrée (un concert de cantates en avril dernier et la Messe en si qui sera proposée en décembre) et la musique profane du cantor de Leipzig.
Ce qui nous vaut aujourd’hui la mise en scène de deux divertissements musicaux qui ont en commun un caractère burlesque mais qui se différencient toutefois nettement : la Cantate des Paysans, ancrée dans la réalité d’une fête campagnarde et la Cantate du Café, un bijou d’humour absurde et fantaisiste, l’histoire d’un père n’arrivant pas à sevrer sa fille de son penchant excessif pour le café.
Cette opposition complémentaire est intelligemment montrée par le metteur en scène Alain Carré, le " liant " étant assuré par la Suite en si mineur fragmentée et intercalée entre les numéros des cantates , le tout si naturellement qu’aucune rupture de rythme ne menace le spectacle, cohérent de bout en bout et surtout divertissant.
Le décor d’André Lebacq et les costumes de Dominique Louis sobres et traditionnels pour la Cantate des Paysans (une cuisine avec ses faïences, une fenêtre laissant voir un paysage champêtre) évoluent dans la deuxième partie de manière surprenante : la Chine, pays d’origine du café, fait son apparition très décalée et les danseurs composent alors le service à café complet : tasse, pot à lait, sucrier (inénarrable !) dans une gestique saccadée assez drôle.
Les interprètes, tous trois issus de l’équipe du projet Monteverdi, sont convainquants, même si les voix manquent peut-être de projection par moment. Chantal Perraud (alternant avec Marie Devellereau) a bien du charme et a des notions de chorégraphie baroque appréciables. Bruno Rostand est surtout excellent dans la composition du père tyrannique et tyrannisé. Quant à Serge Goubioud, il s’affirme comme une voix rare, haute-contre, à l’aise dans tous les registres ; on est d’autant frustré par la brièveté de sa prestation !
Mais la plus grande satisfaction de la soirée vient de l’excellente forme de La Grande Ecurie & La Chambre du Roy, dirigé par un Jean-Claude Malgoire souverain, précis. On notera également la partie de flûte tenue avec une grande virtuosité par Amélie Michel, ainsi que l’intervention du cor de Florent Maupetit, presque parfaite.
Christophe Vetter
Le programme de la saison prochaine n’est pas encore paru. Mais on peut déjà annoncer les oeuvres suivantes (sous réserve pour l’instant) :
Alceste (Lully) avec Véronique Gens, en version de concert
Tancrede (Campra)
Un opéra de Rossini
Don Giovanni, reprise du volet le plus réussi de la trilogie Mozart/Da Ponte en 1995
A l’Opéra-comique de Paris, reprise de Catone in Utica de Vivaldi (reconstitution en partie), malheureusement pas prévue à Tourcoing pour l’instant.
Le projet Monteverdi sera présenté au Théâtre des Champs-Elysées. Christophe Vetter
|