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Violoncelle roi

Paris
Conservatoire national supérieur d’art dramatique
10/01/2005 -  
Marlos Nobre : Três cançoes de Beiramar, opus 21a – Canto a Garcia Lorca, opus 87 –Desafio XXXII, opus 31 n° 32
Heitor Villa-Lobos : Bachianas brasileiras n° 1 et n° 5

Laura Alonso (soprano)
Conjunto ibérico, Elias Arizcuren (direction)

Le Festival d’Ile-de-France poursuivait son périple parmi les musiques lusophones, et plus particulièrement outre-Atlantique en cette «Année du Brésil en France», par une soirée dédiée à Villa-Lobos et à l’un de ses héritiers les plus en vue, Marlos Nobre. Agé de soixante-six ans, le compositeur a honoré de sa présence un bref concert où trois de ses œuvres étaient associées à deux des plus fameuses Bachianas brasileiras, faisant toutes appel à un octuor de violoncelles. Popularisé par Villa-Lobos, violoncelliste comme son père (et auteur d’une Fantaisie concertante pour «trente-deux violoncelles au moins»), cet effectif a vu depuis lors son répertoire se développer, de Xenakis à Suzanne Giraud. Des formations constituées sont même apparues, à l’image de Conjunto ibérico, ensemble hispano-batave dirigé depuis 1989 par son fondateur, le violoncelliste Elias Arizcuren, et auquel Nobre a d’ailleurs destiné quatre partitions. C’est le cas de ses Trois chansons de Beiramar (1966/1998), qui ouvraient la soirée: la filiation avec Villa-Lobos est ici évidente et la soprano espagnole Laura Alonso défend avec conviction ce bref cycle inspiré par le folklore de Bahia, d’abord écrit pour baryton et orchestre.


Emblématiques de la série qu’elles inaugurent et de la fusion aussi réussie qu’inattendue qui s’y opère, les Premières bachianas brasileiras (1930) s’achèvent sur une fugue dont le thème possède un déhanchement typiquement sud-américain. Le lyrisme, la fougue et la couleur l’emportent sur la précision, mais les archets raclent et les cordes dansent de façon irrésistible, servies par la superbe acoustique de la merveilleuse salle du Conservatoire national supérieur d’art dramatique, ce lieu chargé d’histoire, où Habeneck donna les premières parisiennes des symphonies de Beethoven et créa la Symphonie fantastique de Berlioz.


Egalement suscités par le Conjunto ibérico, Canto a Garcia Lorca (1998) et Desafio XXXII (1968/1995) révèlent, chez Nobre, élève de Camargo Guarnieri, Ginastera et Gunther Schuller, les traces d’un langage plus audacieux, qui fut par exemple celui de ses Convergências pour orchestre et où la référence «nationale» se fait plus allusive. Dans le Canto (un peu plus de dix minutes), le registre expressif et dramatique est ainsi élargi grâce à une technique vocale et instrumentale plus complexe. Quant au procédé du desafio (sorte de surenchère oratoire en forme de défi), s’il a précédemment été la source du troisième mouvement des Septièmes bachianas brasileiras, la fidélité au père de la musique brésilienne se situe ici davantage dans l’esprit que dans la lettre. Nobre, comme Pärt avec ses Fratres, a décliné en de nombreux arrangements cette pièce de neuf minutes initialement conçue pour alto et piano.


Une grande partie du public aura sans doute découvert que la célèbre Cantilena des Cinquièmes bachianas brasileiras (1938/1945) de Villa-Lobos est suivie d’un second mouvement dont l’intérêt n’est pas moindre. Laura Alonso, pourtant aidée par un tempo très allant dans l’Aria et assez retenu dans la Dança, déçoit par un timbre peu homogène, un registre grave très contraint, une justesse incertaine et un style puccinien, à l’unisson d’un accompagnement très appuyé.


Victoria de Los Angeles, qui enregistra ces Bachianas à Paris sous la direction du compositeur, fut aussi l’interprète d’élection, à la même époque, des Canciones negras (1943) de Montsalvatge, dont l’évocation au travers de la quatrième – Cancion de cuna para dormir a un negrito (Ninghe), berceuse capiteuse offerte en bis dans une adaptation pour octuor de violoncelles que le chef conduit de façon idéalement nonchalante en jouant des claves – était d’autant plus justifiée que Nobre a lui-même composé trois Cançoes negras. Elias Arizcuren, dans un français impeccable, indique que le temps imparti ne permettait pas d’entendre ce recueil – ce qu’il est permis de contester, puisqu’il ne dure que sept minutes – et il faudra donc se contenter de la reprise de la dernière des Chansons de Beiramar.


Le site de Marlos Nobre

Le site du Conjonto ibérico



Simon Corley

 

 

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