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Des Russes sur la Côte

Beaulieu
Salon des Ambassadeurs du Casino
09/20/2005 -  
Alexander Borodine : Quatuor à cordes en ré n°2
Igor Stravinsky : Trois Pièces (1914)
Dimitri Chostakovitch : Quintette avec piano opus 57

Quatuor Borodine : Ruben Aharonian et Andrei Abramenkov (violon), Igor Naidin (alto), Valentin Berlinsky (violoncelle)
Ludmilla Berlinskaia (piano)


Ambitieux jeune Festival que ce Festival de Beaulieu-sur-mer ! Dans cette période de basses eaux pour les mélomanes, entre la fin de la pléthore estivale et les lentes reprises des saisons annuelles, il cherche sa voie. Cette année, un thème assez inhabituel, mais volontairement oecuménique le sous-tend : les apports conjoints des Anglais et des Russes sur la Côte d’Azur, et bien sûr, plus particulièrement à Beaulieu. Donc nous voici avec une semaine dense de concerts, conférences, expositions et commémorations.


Les concerts s’adaptent aux lieux disponibles, ce qui donne la part belle à la musique de chambre. Même la célèbre Villa Kerylos participe, où un jeune ensemble, le Trio Eiffel, sortit sur ses pupitres des oeuvres bien oubliées : un flamboyant trio d’Anton Arensky (1861-1906) et une magnifique pièce très intériorisée de Louis Abbiate, un français créateur de l’école de violoncelle de … Saint-Petersbourg !


Mais un de moments d’exception fut le concert donné par le Quatuor Borodine. On sait qu’il fête cette année son 60ème anniversaire, voyageant dans le monde pour cette célébration. On sait sans doute aussi que son violoncelle, V. Berlinsky, fit partie de la formation d’origine et lui, fête ses 80 ans cette année. Ces événements font certainement partie de la dévotion émue du public, de son écoute attentive, mais, sans conteste, donna aux musiciens un rayonnement qu’ils transmettent dans leur jeu.


Le choix d’œuvres était fort classique. Le Quatuor n°2 de Borodine, tellement fameux qu’au milieu du XXème siècle on considérait qu’il avait éclipsé tous les autres quatuors de l’Ecole russe. Peut être était-ce la présence du Notturno, son 3ème mouvement, dont le thème très populaire a vécu sa propre vie, détaché de l’ensemble ? Le Quatuor éponyme le joua d’une manière simple, distanciée, façon d’éviter l’excès de suavité qui pourrait le rendre indigeste.


Adroitement placées à sa suite, les Trois Pièces de Stravinsky, principalement études de sonorités, créaient un contraste frappant : concision, dissonances, éclatement des parties d’archets. Un clin d’œil (mais était-ce voulu ?) : dans la 3ème Pièce, un des nombreux leitmotivs de Petrouchka revient épisodiquement… et c’est à Beaulieu, en 1911, que l’illustre Russe composa son ballet.


La soirée se terminait par un autre cheval de bataille, le Quintette pour piano et cordes de Chostakovitch. Là aussi, était-ce le résultat d’un choix subtil ? Car ne pourrait-on pas considérer que cette œuvre exemplaire se présente comme une vaste synthèse de l’œuvre expansive, charmeuse d’Alexandre Borodine et des aspérités stridentes de Stravinsky, le tout couronné par ce mélange d’ironie de et de gravité qui reste la marque de son compositeur ?
L’interprétation des Borodine fut exemplaire. Mais ne sont-ils pas prédestinés, eux qui furent suivis pendant 30 ans par Chostakovitch, par ailleurs auteur d’une quinzaine de quatuors ? L’enregistrement de l’intégrale de ces quatuors par le Quatuor Borodine est toujours considéré comme la référence, et tout autant celui du quintette, avec rien moins que Sviatoslav Richter au piano.


A Beaulieu, c’est Ludmilla Berlinskaia, la propre fille du violoncelliste, qui tenait la partie de piano, avec fougue, avec charme aussi. Mais tous les cinq portèrent ces cinq mouvements, ample succession d’ambiances et d’émotions, avec la sincérité que seule une longue intimité avec l’œuvre peut rendre palpable. En bis, ils rejouèrent le 3ème mouvement, un Scherzo très enlevé, d’une manière si authentique, si franche, que le public leur fit une ovation méritée.




Le site du Festival de Baulieu-sur-Mer





Alain Dornic

 

 

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