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Oppitz monacal Paris Salle Pleyel 05/17/2000 - Igor Stravinski : Pulcinella (suite)
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 24, K. 491 Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 4, opus 60 Gerhard Oppitz (piano)
Orchestre national de France, Christof Perick (direction)
On attendait sans doute trop à la fois de Gerhard Oppitz, dont l’intégrale Brahms donnée en 1989 dans ce même Théâtre des Champs-Elysées, est restée gravée dans les mémoires, et de Christof Perick, qui avait dirigé en début d’année une fort belle Quatrième symphonie de Bruckner avec le même Orchestre national.
Stravinski n’étant pas Bruckner, Perick donne parfois de bonnes impulsions tranchantes, mais la plupart du temps, le résultat manque de sel. En outre, même si cela se défend davantage, les sonorités sont tour à tour acides et épaisses. La petite harmonie, notamment, n’est pas à son avantage et on en vient à se demander si la laideur des effets est toujours volontaire Ce qui est plus gênant, en revanche, c’est le manque de transparence et
la confusion qui règnent ici ou là dans la polyphonie, malgré la petite taille de l’effectif orchestral.
Dans le Concerto en ut mineur de Mozart, Oppitz ne recherche pas les contrastes. D’autres voient pourtant dans ce concerto un antécédent du Troisième concerto de Beethoven (également en ut mineur). Aucun drame, aucun élan dans cette approche bien plus classique que pré-romantique. Aucune poésie, aucune tendre
sse, non plus, dans le Larghetto. D’une humilité, pour ne pas dire d’une ascèse remarquable, le pianiste allemand ne joue pas au soliste virtuose. Bien au contraire, il se fond avec l’orchestre, réduit à quarante-trois musiciens, qui le soutient parfaitement dans cet esprit modeste et, pour tout dire, un peu terne. Perick éprouve à nouveau des difficultés passagères à bien faire ressortir la ligne mélodique et ne se départit
pas d’une lecture sérieuse, mais très prosaïque.
A la tête d’un effectif renforcé (cinquante cordes), le chef allemand se montre plus convaincant dans une Quatrième symphonie de Beethoven dynamique, robuste, sereine, mais sans doute ni vive, ni aérienne. On reste donc loin de certaines interprétations solaires ou dramatiques de cette symphonie. Observant la reprise dans les mouvements extrêmes et privilégiant des tempi modérés, il met en valeur le caractère gracieux de la partition, révélant ainsi une parenté avec Schubert. Tout cela reste toujours de bon goût, sans surprises, mais entaché de trop nombreux départs imprécis ainsi que d’un désagréable problème de justesse dans l’Allegro ma non troppo final.
Simon Corley
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