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Le duo viennois! Saint-Cere Abbatiale de Souillac 08/05/2005 - et le 7 août 2005. Wolfgang Amadeus Mozart : Trois Divertimenti
Joseph Haydn : Theresienmesse Brigitte Antonelli (soprano), Béatrice Burley (mezzo), Marc Manodritta (ténor), Jean-Claude Sarragosse (basse)
Orchestre du Festival
Choeur les Eléments
Thierry Weber (direction-Mozart) - Joël Suhubiette (direction-Haydn)
Haydn a écrit un certain nombre de messes mais elles sont assez rarement jouées. Le festival de Saint-Céré a la grande particularité de prendre des risques et c’en est un en montant la Theresienmesse à l’Abbatiale de Souillac. L’oeuvre n’est pas impérissable, loin s’en faut, mais elle est servie par un orchestre enthousiaste et de très bonne qualité ainsi que par un honnête quatuor de solistes.
Pour étoffer un peu le concert, l’orchestre du Festival interprète tout d’abord trois Divertimenti de Mozart avec, à la baguette, Thierry Weber. Ce jeune chef est plus que prometteur et il faudra suivre de près ses apparitions. Il connaît bien Mozart et apporte à ces petites oeuvres une véritable dimension, une cohérence, tout en restant parfaitement attentif aux transitions. Il donne de l’élégance aux grandes phrases de Mozart notamment au deuxième mouvement du premier Divertimento qui ressemble quelque peu à Don Giovanni. La direction est très précise, très nette et les musiciens savent exactement comment ils doivent jouer, ce qui est précieux dans le début du troisième mouvement de ce même Divertimento. Le deuxième Divertimento demande plus d’entrain et de rapidité et là aussi le chef ne démérite pas: le second mouvement, notamment, laisse entendre un déferlement de notes, parfaitement contrôlé. Enfin le chef souligne l’humour de Mozart dans les pizzicati des violons dans le dernier mouvement du troisième Divertimento. L’orchestre, également, est excellent: le pupitre des violoncellistes, particulièrement, soutient l’ensemble avec l’aide de contrebassistes très inspirés.
La deuxième partie du concert est donc consacrée à la Theresienmesse de Joseph Haydn. Joël Suhubiette prend la baguette et dirige avec beaucoup d’idées cette messe, faisant ressortir la douceur de la partition, son habileté dans l’écriture. La quatuor vocal est assez hétérogène. Indéniablement la basse Jean-Claude Sarragosse se détache car il possède non seulement un instrument de toute beauté, des facilités vocales, mais aussi une bonne connaissance du style. L’agilité de sa voix lui permet de nuancer son chant, de donner un sens au texte comme dans le “Dominus Deus”. La soprano Brigitte Antonelli, qui a également participé à Falstaff et au Requiem de Verdi, possède toutes les notes de la partition mais la voix est un peu fatiguée et surtout elle est sujette à quelques écarts de justesse. La mezzo Béatrice Burley, également dans les deux autres oeuvres, possède des graves moelleux et profonds et le tout début du “Dominus Deus” est bien beau car elle offre des notes très douces, très solennelles aussi. Enfin le ténor Marc Manodritta, que l’on aurait plaisir à retrouver dans du Mozart, complète l’ensemble avec la pointe d’élégance vocale qu’il faut. Il n’est pas avare de legato et de mezza-voce notamment dans le “qui venit Domine”. Le choeur “Les Eléments” est toujours aussi bon et appliqué dans la diction du texte: dans l’”Agnus Dei”, les chanteurs insistent fortement sur les “t” de “tollis”, “pecata”.
Un concert très agréable à écouter et qui participe au succès de ce festival: réunir des oeuvres intéressantes et inexplorées, trouver des musiciens de qualité et les présenter dans un lieu magique…
A noter:
- Pour ce concert le choeur “Les Eléments” est rejoint par une quinzaine de chanteurs amateurs confirmés, voire professionnels, qui, le temps d’un stage, travaillent avec Joël Suhubiette et son ensemble. Manon Ardouin
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