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Le régional de l’étape Chaise-Dieu Abbatiale 08/26/2005 - et 24 août 2005 (Rennes) Carl Maria von Weber: Oberon (Ouverture), J. 306
Frédéric Chopin: Concerto pour piano n° 2, opus 21
George Onslow: Symphonie n° 2, opus 42
Michel Dalberto (piano)
Orchestre de Bretagne, Moshe Atzmon (direction)
Après la traditionnelle «sonnerie d’ouverture» à l’orgue – confiée cette fois-ci à l’excellent Olivier Vernet, mais dont une partie des spectateurs semble persister à ignorer qu’elle ne constitue pas un agréable bruit de fond et qu’il convient par conséquent de mettre fin aux conversations lorsqu’elle retentit – le concert de l’Orchestre de Bretagne reprenait le fil chronologique de la soirée précédente, qui, en concluant avec la Symphonie fantastique, s’était arrêtée en 1830: composées à la même époque (entre 1826 et 1831) et agencées selon l’inévitable triptyque ouverture/concerto/symphonie, les œuvres inscrites au programme, si elles n’ont rien à voir avec l’esthétique de Berlioz, ne s’en rattachent pas moins toutes trois de façon assez voisine au courant romantique qui triomphe alors en Europe.
«Premier chef invité» de la formation bretonne depuis janvier 2004, Moshe Atzmon dirige d’abord l’Ouverture d’Oberon (1826): la modestie de l’effectif (vingt-neuf cordes) contribue à une lecture gracieuse et transparente, même si les couleurs et la précision de l’Orchestre de Bretagne ne rendent pas toujours justice à l’atmosphère magique et légendaire créée par Weber.
Les qualités bien connues de Michel Dalberto – variété du toucher, élégance non dépourvue de distance, clarté de l’articulation – servent idéalement le Second concerto pour piano (1829) de Chopin. Bien plus, le pianiste français, loin de considérer la partition comme un simple concerto virtuose où le soliste se ferait par trop envahissant, livre une interprétation à la fois personnelle et mûrement réfléchie: Maestoso vigoureux, Larghetto refusant tout sentimentalisme et Allegro vivace de caractère dansant.
Le public n’a pas massivement répondu présent en ce début d’après-midi à l’abbatiale: faut-il attribuer cette prudence à la notoriété relativement faible de Georges Onslow (1784-1853), il est vrai davantage connu et reconnu pour sa musique de chambre? Ce serait là une injustice d’autant plus grande que le compositeur, Auvergnat malgré son nom à consonance anglo-saxonne, est donc en quelque sorte à La Chaise-Dieu le «régional de l’étape». Ecrite vers 1831, la Deuxième de ses quatre symphonies, qui évoque Weber (son instrumentarium est d’ailleurs exactement le même que celui d’Oberon), Schubert et Mendelssohn, ne révolutionne certes pas l’histoire de la musique, mais constitue un chaînon intéressant dans le développement du genre symphonique en France, entre Gossec et Méhul, d’une part, et Bizet, Gounod et Saint-Saëns, d’autre part, avant même les contributions que Louise Farrenc n’allait pas tarder à apporter de son côté.
Avec d’autres symphonies en ré mineur apparues dans ces années-là, celles d’Arriaga, Loewe ou Vorisek, la Deuxième d’Onslow partage le respect d’une coupe classique en quatre mouvements d’environ une demi-heure, mais aussi une ambition, un refus des concessions et de la facilité ainsi qu’une qualité constante d’inspiration qui justifient largement cette (re)découverte: poésie rêveuse de l’Andante grazioso con moto, énergie du Menuetto, qui tient bien davantage d’un scherzo, et esprit haydnien de l’Allegro final, où la tonalité majeure reprend ses droits et qui préfigure en même temps la légèreté et la finesse des symphonies de jeunesse de Bizet et Gounod.
Succédant à ce romantisme bien tempéré, la Cinquième danse hongroise de Brahms donnée en bis – quelque peu incongru, même si Atzmon est natif de Hongrie – fait malheureusement figure de grosse cavalerie.
Le site de l’Orchestre de Bretagne
Simon Corley
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