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Soirée d’automne

Chaise-Dieu
Abbatiale
08/25/2005 -  
Hector Berlioz: Les Nuits d’été, opus 7 – Symphonie fantastique, opus 14

Stéphanie d’Oustrac (mezzo)
Orchestre national de Lyon, Jun Märkl (direction)


Introduite par la désormais traditionnelle «sonnerie d’ouverture», où Jean-René Covis poursuit son exploration de l’orgue baroque français, la venue de l’Orchestre national de Lyon à La Chaise-Dieu fournissait l’occasion de mieux faire connaissance avec celui qui deviendra dès le mois prochain son directeur musical, Jun Märkl. Le test était d’autant plus intéressant qu’il s’agissait de deux œuvres de Berlioz – Les Nuits d’été et, surtout, la Symphonie fantastique – piliers du répertoire des formations françaises, qui ne manquent pas de les présenter lorsqu’elles se déplacent en tournée à l’étranger. Baptisé «Nuit d’été... fantastique», ce programme s’apparenta cependant davantage à une triste soirée d’automne, à l’image de la pluie fine qui tombait à l’extérieur de l’abbatiale.


Dans Les Nuits d’été (1841/1856), le chef allemand déploie une activité incessante pour offrir un accompagnement fin, discret, attentif et travaillé, qui permet à Stéphanie d’Oustrac, tirant le meilleur parti de la générosité de l’acoustique, de faire preuve d’une grande subtilité de nuances. Très à l’aise, malgré quelques ports de voix hasardeux, sur l’ensemble d’une tessiture pourtant sollicitée dans ses registres extrêmes, la mezzo, économe en vibrato jusqu’à l’immatériel, propose une sorte d’épure de la partition, préférant aux débordements romantiques une distance hiératique et une émotion contrôlée.


La seconde partie apporta en revanche une immense déception: alors que la Symphonie fantastique (1830) fait partie de ces fresques orchestrales dont l’impact est tel qu’il paraît quasiment impossible d’y échouer, Märkl a en effet réussi l’exploit de susciter l’ennui, voire l’irritation. On ne pourra certes lui reprocher d’ignorer le texte, qu’il restitue de façon méticuleuse, observant même les reprises des premier et quatrième mouvements, mais son souci du détail, lesté par des tempi très retenus et d’incessants ralentis expressifs, étouffe toute perspective d’ensemble. Avec des phrasés plats, raides et appliqués, associés à un manque d’élan rédhibitoire, la mayonnaise ne prend décidément pas. Aimable, prosaïque et maniérée, désespérément propre, sa lecture ne laisse que peu de place à la démesure, à la passion ou à la poésie: à cette aune, comment le Dies irae berliozien pourrait-il se mesurer à la fameuse Danse macabre qui orne les murs de l’abbatiale casadéenne?


L’accueil que les musiciens lyonnais réservent, au moment des rappels, à leur directeur musical ne laisse pas d’inquiéter: pas le moindre applaudissement, pas le moindre archet frappé contre les pupitres. Mais outre le fait qu’il est naturellement impossible de tirer des conclusions définitives d’un seul concert, la remarquable prestation, tant individuelle (à l’exemple des clarinettes) que collective, de l’orchestre, si elle fait naître d’autant plus de regrets pour cette fade Fantastique, est toutefois de nature à rassurer quant à l’avenir de cette nouvelle collaboration.



Simon Corley

 

 

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