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Le concert des superlatifs Lucerne Centre de la culture et des congrès 08/17/2005 - et le 18 août 2005 Alban Berg: Altenberg-Lieder, opus 4
Franz Schubert: Die Forelle, D. 550 (orchestration Benjamin Britten) – Gretchen am Spinnrade, D. 118 – Nacht und Träume, D. 827 (orchestrations Max Reger)
Gustav Mahler: Symphonie n° 7
Renée Fleming (soprano)
Lucerne Festival Orchestra, Claudio Abbado (direction)
Mercredi, le public a quitté le Centre de la culture et des congrès de Lucerne la tête dans les nuages, remplie de sons, de couleurs et d’émotions rares. Malgré l’euphorie, les spectateurs étaient pleinement conscients d’avoir vécu une soirée unique, magique, comme il ne s’en produit que très épisodiquement dans une vie de mélomane. Le grand soir, tout simplement! Le mérite en revient principalement à Claudio Abbado. Pour sa troisième année consécutive à la tête du Lucerne Festival Orchestra, le maestro s’est surpassé, confirmant, si besoin est, qu’il est actuellement le plus éminent spécialiste de Mahler, si ce n’est le plus grand chef d’orchestre tout court.
La Septième Symphonie de Mahler se distingue avant tout par ses deux mouvements nocturnes et son Scherzo, à l’humour macabre particulièrement exacerbé. L’atmosphère légère et mystérieuse à la fois est rendue par Abbado avec brio, comme d’ailleurs le caractère puissant et joyeux du finale. Le premier mouvement est magistral, tout en finesse et en énergie. Si le son n’est peut-être pas des plus soyeux, il n’en est que plus incisif, percutant, prenant littéralement le public aux tripes. Chaque groupe d’instruments est un événement en soi, qu’il s’agisse des cuivres, des bois, des percussions ou même des cordes, qui jamais ne couvrent les autres pupitres. Comme personne aujourd’hui, Abbado atteint une clarté dans la construction et la progression de la musique. Une véritable ovation a salué sa prestation.
La soirée avait débuté sous les meilleurs auspices, avec René Fleming en vedette. Que ce soit dans les Altenberglieder de Berg ou dans les trois mélodies de Schubert, la cantatrice américaine excelle dans l’art de rendre les nuances et de créer des atmosphères. Confondante de simplicité et de naturel, elle sait alterner avec bonheur tous les types d’émotions, de l’espièglerie au désespoir, en passant par la joie, la méditation et la tristesse. On retiendra surtout les derniers pianissimi de Nacht und Träume, qui ont donné les frissons au public présent dans la salle de Jean Nouvel.
A noter:
La seconde partie du concert (Septième Symphonie de Mahler) sera diffusée sur Arte le 2 octobre 2005 à 19h00.
Le concert d’ouverture du Festival de Lucerne 2005 (11 août, toujours avec Claudio Abbado et le Lucerne Festival Orchestra) sera lui aussi retransmis sur Arte: la première partie (Troisième Concerto pour piano de Beethoven, avec Alfred Brendel) le 11 septembre 2005 à 19h00 et la seconde partie (Septième Symphonie de Bruckner) le 10 septembre 2005 à 22h30.
Le 22 août sortira un enregistrement (Deutsche Grammophon) de Claudio Abbado avec l’Orchestre Philharmonique de Berlin interprétant la Quatrième Symphonie de Mahler et les Sieben frühe Lieder de Berg, chantés par Renée Fleming.
Claudio Abbado a enregistré la Septième Symphonie de Mahler avec le Philharmonique de Berlin pour DG.
Claudio Poloni
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