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Scènes de la forêt

Compiègne
Eglise de Chelles
07/03/2005 -  
Joseph Haydn : Quatuor n° 34, opus 20 n° 4
Bruno Mantovani : Les Fées
Robert Schumann : Quintette avec piano, opus 44

Quatuor Benaïm: Yaïr Benaïm, Alexandra Greffin (violon), Myriam Guillaume (alto), Cédric Conchon (violoncelle) – Delphine Bardin (piano)


Du 21 juin au 21 juillet dans l’Oise, le Festival des Forêts allie de façon très originale musique, nature et patrimoine, autour d’une grande variété de manifestations: «concerts-randonnées» avec «pause musicale», «promenades-concerts» avec «mini-concert», «pique-niques-concerts», «concerts-feux d’artifice», «café musical», concerts pour les enfants, mais aussi manifestations plus traditionnelles, avec des artistes tels que Marie Devellereau, Jean-François Heisser, Marie-Josèphe Jude, François Leleux ou Isabelle Moretti.


C’est dans ce cadre – après, bien entendu, aubade et balade en forêt – que l’église (XIIe-XVIe)de Chelles accueillait le Quatuor Benaïm: troisième prix au Concours de l’ARD à Munich l’année dernière, la formation, qui fête ses cinq ans, a changé d’altiste, Myriam Guillaume, originaire du Quatuor Milinée, ayant en effet remplacé Cécile Brossard à ce pupitre.


Le jeune ensemble opte pour une approche particulièrement créative du Trente-quatrième quatuor (1772) de Haydn, quatrième de l’opus 20: après un Allegro di molto sensible, naturel et sans fadeur, l’Un poco Adagio affettuoso, très interprété, cède quelque peu à la tentation d’un alanguissement préromantique, mais le Menuetto, remarquablement vif et dansant, contraste à merveille. Le brillant Presto scherzando final confirme le souci de varier les reprises, tant par les attaques que par les phrasés ou les couleurs.


Quatrième élément, chronologiquement parlant, d’un cycle en cours de construction d’une dizaine de pièces pour quatuor à cordes, Les Fées (2004) de Bruno Mantovani, par sa vivacité imprévisible et légère, peut être considéré comme un lointain descendant des scherzi mendelssohniens: quoique raisonnable pour ce type d’édifice, la réverbération nuit quelque peu à la précision qu’exigent ces dix minutes spectaculaires, jouant du dérèglement de cellules répétitives interrompues par de brefs accidents.


En seconde partie, Delphine Bardin se joint aux Benaïm pour le Quintette avec piano (1842) de Schumann: curieusement, la pianiste n’est pas avantagée par l’acoustique, notamment dans les tutti, mais elle parvient néanmoins à mettre en valeur un toucher fin et subtil. Pas plus que dans Haydn, les musiciens ne se contentent pas d’une approche univoque ou au premier degré de ce monument du répertoire: l’Allegro brillante, plus rêveur et lyrique que conquérant laisse la place à l’In modo d’una marcia, où la retenue expressive ne cède qu’à la sauvagerie de la section Agitato. De façon plus traditionnelle, le caractère résolument optimiste et symphonique du propos reprend en revanche le dessus dans les deux derniers mouvements.


Remerciant un public aussi nombreux qu’enthousiaste, les musiciens donnent un bis aussi bref qu’astucieux et opportunément choisi, l’adaptation du huitième (Weiche Gräser im Revier) des Neue Liebeslieder-Walzer (1874), hommage on ne peut mieux indiqué à la nature, au travers de cette «herbe tendre» qu’évoque le poème mis en musique par Brahms.


Le site du Festival des Forêts

Le site du Quatuor Benaïm



Simon Corley

 

 

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