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Attelage inattendu Bordeaux Grand Théâtre 06/28/2005 - Camille Saint-Saëns : Havanaise, opus 83 (+) – Introduction et Rondo capriccioso, opus 28 (+) – Septuor, opus 65
Paul Hindemith : Sonate pour saxophone alto (#) – Duo pour alto et violoncelle – Sonate pour trombone
Franz Schubert : Quatuor n° 12 «Quartettsatz», D. 703
Thomas Lachaize (saxophone), Jean-François Dion (trompette), Eric Coron (trombone), Roland Gaillard (contrebasse), Sophie Teboul, Jean-Philippe Guillo (#) (piano), Quatuor de l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine: Stéphane Rougier (+), Céline Rouvière (violon), Tasso Adamopoulos (alto), Etienne Péclard (violoncelle)
Un violent orage ayant provoqué inondations et infiltrations au Grand Théâtre, mais heureusement sans autres dommages ni conséquences, le concert du jury du Concours de quatuor à cordes a été annulé, son report, notamment pour cause d’indisposition du président, Valentin Berlinsky, s’étant avéré impossible. En contrepartie, le public s’est vu proposer la possibilité d’assister au programme que les solistes de l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine (ONBA) devaient initialement donner Cour Mably: déplacée pour l’occasion au Grand Théâtre, cette soirée s’inscrivait dans le cadre de «Musiques d’été à Bordeaux», un festival qui, autour du concours, présente du 15 juin au 7 juillet une «semaine de musique baroque» prenant place dans divers lieux de la ville, puis des «concerts à la Cour Mably», notamment quatre manifestations autour de «Bordeaux, capitale de la trompette».
Saint-Saëns et Hindemith: curieux attelage, en vérité, que celui proposé ici par l’ONBA, le seul trait commun à ces compositeurs semblant être l’académisme qui leur a souvent été (injustement) reproché... La Havanaise (1887) puis Introduction et Rondo capriccioso (1863) de Saint-Saëns, décidément toujours très prisés des virtuoses (comme des spectateurs), sont servis par le violon plus démonstratif que précis de Stéphane Rougier, contrastant avec le piano raide et brutal de Sophie Teboul. Entre-temps, l’austère Sonate pour saxophone alto (1943) de Hindemith avait offert un changement radical de climat: davantage que le saxophone modérément lyrique de Thomas Lachaize, c’est le piano actif et coloré de Jean-Philippe Guillo qui a retenu l’attention.
Sans nul doute dans le but d’adresser un clin d’œil au Concours de quatuor à cordes, le début de la seconde partie venait perturber le bel ordonnancement de ce face-à-face Saint-Saëns/Hindemith, avec le Douzième quatuor (Quartettsatz) (1820) de Schubert: le Quatuor de l’ONBA y démontre un engagement indéniable, témoignant toutefois plus d’intérêt pour l’anecdote que pour l’intransigeance de cette œuvre qui, chez Schubert, est pourtant au quatuor ce que l’Inachevée est à la symphonie.
Dans le bref et étrange Duo pour alto et violoncelle (1934) de Hindemith, à la charnière entre l’âpreté de la période de jeunesse et le sérieux de la maturité, Tasso Adamopoulos défend vaillamment sa partie, mais le lyrisme d’Etienne Péclard n’est pas en reste. La Sonate pour trombone (1941) est ensuite admirablement restituée par Eric Coron, aux phrasés éloquents et agiles, avec un accompagnement dynamique de Sophie Teboul.
Heureuse conclusion, le Septuor (1880) de Saint-Saëns bénéficie d’une lecture au premier degré, énergique et réjouissante, au détriment de l’équilibre entre les pupitres, mais où se distinguent avant tout la richesse du timbre et la qualité du chant de la trompette de Jean-François Dion.
Simon Corley
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