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Un Werther en famille

Torino
Teatro Regio
06/15/2005 -  et les 16, 18, 19*, 21, 22, 26, 28 et 29 juin 2005

Jules Massenet: Werther


Roberto Alagna*/Kostyantyn Andreyev (Werther), Monica Bacelli*/Kate Aldrich (Charlotte), Marc Barrard*/Richard Rittelmann (Albert), Nathalie Manfrino*/Elisabetta Martorana (Sophie), Michel Trempont (Bailli), Leonard Pezzino (Schmidt), Armando Gabba (Johann), Alessandro Inzillo (Brühlmann), Ivana Cravero (Kätchen)
Choeur de voix blanches du Teatro Regio et du Conservatoire «G. Verdi», Choeur du Teatro Regio (Claudio Marino Moretti, direction), Orchestre du Teatro Regio, Alain Guingal (direction musicale), David et Frédérico Alagna (mise en scène et décors)


Les projecteurs sont actuellement braqués sur le Teatro Regio de Turin, où Roberto Alagna chante Werther, dans une mise en scène de ses deux frères. La ville piémontaise est en passe de devenir le port d’attache italien du ténor, qui y retournera prochainement pour La Bohème et Manon Lescaut, avant son premier Otello. Force est de reconnaître qu’aujourd’hui Roberto Alagna est pratiquement sans rival dans le répertoire français. Sa diction impeccable, son timbre éclatant et son sens du phrasé en font l’interprète idéal de bien des ouvrages, comme le prouve d’ailleurs son enregistrement d’airs d’opéras français, peut-être le meilleur élément de sa discographie à ce jour. Et son Werther turinois ne fait pas exception à la règle. D’accord, tout n’est pas parfait dans son interprétation: on pourrait souhaiter un chant plus nuancé et plus intériorisé, davantage de demi-teintes et de précision, ainsi qu’une caractérisation du personnage plus poussée: le Werther d’Alagna est un amoureux romantique et extraverti, très loin donc du héros torturé, voire carrément morbide, de Goethe. Mais on aurait tort de bouder son plaisir, tant le matériau vocal est exceptionnel. Et d’ailleurs le public ne s’y est pas trompé, ovationnant le Pourquoi me réveiller puis la prestation d’ensemble de la star au rideau final.


Les autres artistes de la production ont eux aussi été applaudis avec enthousiasme, à l’exception du chef, Alain Guingal, qui a dû s’accommoder de quelques huées. Il est vrai qu’à maintes reprises, l’orchestre a couvert les chanteurs. Mais il faut bien reconnaître que l’acoustique du Teatro Regio n’est pas idéale: la fosse est très grande, aucun instrument n’est recouvert et, qui plus est, la mise en scène impose souvent aux solistes de chanter loin de la rampe, d’où malheureusement une tendance généralisée au fortissimo.


Si le spectacle a suscité tant d’intérêt, c’est aussi parce qu’il porte la signature de David et Frédérico Alagna, les deux frères de Roberto. Leur mise en scène est de facture classique, presque conventionnelle, mais très esthétique. Le rideau s’ouvre sur une immense façade de maison bourgeoise, avec une grande terrasse et, au centre du plateau, un long escalier. Les deux derniers actes font apparaître des intérieurs richement meublés. Si la direction d’acteurs n’est pas très approfondie, il faut néanmoins reconnaître que le spectacle est fort agréable. Ce qui est déjà beaucoup, à l’heure où de plus en plus de metteurs en scène ne daignent même plus respecter les ouvrages qu’ils montent, en abusant de transpositions ridicules. Certes, les effets «faciles» ne manquent pas, par exemple la présence de chiens et de chevaux ou les lumières rouges scintillant à la fin de chaque acte, de même que les incongruités: peut-on par exemple raisonnablement imaginer que Werther est entièrement vêtu de blanc au 3e acte? Malgré ces quelques points faibles, la production contient de beaux moments, notamment le retour de Charlotte et de Werther en calèche devant le perron de la maison du bailli puis leurs regards furtifs qui se croisent sur les marches, où encore le début du 3e acte, lorsque Charlotte hésite à brûler les lettres de Werther.


Globalement donc, un beau spectacle, renforcé encore par la solide distribution réunie autour de la star. Malgré quelques sons tubés, la Charlotte de Monica Bacelli impressionne par la chaleur de son timbre et une bonne diction. Comme pour Werther, on aurait souhaité voir évoluer un personnage beaucoup plus tourmenté. Nathalie Manfrino, Marc Barrard et Michel Trempont s’acquittent quant à eux de leur petit rôle avec brio.




Claudio Poloni

 

 

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