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Monsieur Alexandre Tharaud

Paris
Musée d'Orsay
06/23/2005 -  
Franz Schubert : Danses allemandes, D. 783 (extraits) – Valses sentimentales, D. 779 (extraits) – Valses nobles, D. 969 (extraits)
Maurice Ravel : Valses nobles et sentimentales – Pavane pour une infante défunte – Gaspard de la nuit

Alexandre Tharaud (piano)


L’intégrale de la musique pour piano de Ravel en trois soirées? La perspective n’effraye sans doute pas Alexandre Tharaud, qui l’a déjà enregistrée chez Harmonia mundi voici quelques années. Et il a en outre pris le parti, pour chaque concert, de susciter un dialogue avec un autre compositeur, respectivement Chabrier, Schubert et Couperin: influence, révérence ou référence, le choix paraît incontestablement pertinent.


Devant un public très nombreux, comprenant notamment Marcel Marnat, auquel on doit la biographie de référence de Ravel, le deuxième volet débutait ainsi par une sélection de danses extraites de trois recueils schubertiens datant des années 1823-1826, dont, bien entendu en la circonstance, les Valses nobles (1826) et les Valses sentimentales. Difficile toutefois d’éviter une certaine lassitude, due à l’omniprésence du rythme à trois temps dans ces miniatures qui annoncent déjà Chopin, Schumann ou Brahms et auxquelles le pianiste français confère une carrure très franche, parfois même un peu raide.


Si il n’a pas prévu, sauf erreur, de donner la version originale (pour piano seul) de La Valse dans le cadre de cette «intégrale», il n’omet évidemment pas les Valses nobles et sentimentales (1911), où Ravel s’inspire sans doute davantage du titre et de la forme (une suite de valses) que de l’esprit de Schubert. D’une clarté et d’une objectivité qui tournent à la cruauté, la lecture de Tharaud, inquiète et heurtée, se fonde sur un toucher subtil et une allure élancée alternant avec de violents éclats colorés.


La Pavane pour une infante défunte (1899) ne sera pas plus «sentimentale», confirmant, malgré une puissance d’autant plus efficace qu’elle est employée avec parcimonie, une précision et une retenue qui siéent tout particulièrement à l’esthétique de Ravel.


Du redoutable Gaspard de la nuit (1908), Tharaud livre une interprétation très complète: la vivacité des tempi (Ondine) et la fantaisie du style (avec un Scarbo tenant d’une toccata superbement articulée, dont les effets percussifs rappellent ici curieusement l’Alborada del gracioso) rendent justice aux excès et à la virtuosité du texte, mais le caractère hypnotisant du Gibet n’est nullement perdu de vue pour autant.


En pas moins de cinq (brefs) bis, Tharaud offre un beau voyage dans la musique française, s’amusant, à la manière (impropre, s’agissant de personnes décédées) adoptée par les animateurs de télévision pour marquer la déférence due à un artiste, à présenter chaque compositeur en faisant précéder son nom d’un Monsieur en forme de coup de chapeau complice: une valse, bien sûr, pour commencer, avec le Quatrième nocturne (1934) de Poulenc, un Bal fantôme qui s’inscrit parfaitement dans la descendance des Valses nobles et sentimentales.


Il y a près de cinq ans, Tharaud avait fait sensation avec un disque où le piano se réappropriait des pièces de Rameau, ce que vient rappeler fort opportunément l’Allemande initiale de la Suite en la extraite des Nouvelles suites de pièces de clavecin (1728). La Première gymnopédie (1888) de Satie, qui s’engourdit progressivement, créé un effet de contraste, et, après une parenthèse non dansée – l’Adagietto de l’Arlésienne de Bizet (1872) – Tharaud conclut par un réjouissant Corcovado, première pièce du second cahier des Saudades do Brazil (1921) de Milhaud.


Le site d’Alexandre Tharaud



Simon Corley

 

 

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