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Allons voir si la rose Paris
Orangerie de Bagatelle
06/18/2005 -
Frédéric Chopin : Rondeau à la mazur, opus 5 – Polonaise, opus 71 n° 2 – Impromptu n° 3, opus 51 – Barcarolle, opus 60 – Andante spianato et Grande polonaise brillante, opus 22 – Etudes, opus 25 n° 5, 7, 10 et 11
György Ligeti : Etudes n° 2 «Cordes à vide» et n° 6 «Automne à Varsovie»
Serge Rachmaninov : Etudes-tableaux, opus 33 n° 2 et 6 et opus 39 n° 1, 2, 5, 6, 8 et 9
Idil Biret (piano)
Fidèle au parc de Bagatelle, à son orangerie, à ses roses mais aussi à ses paons, la Société Chopin organise du 18 juin au 14 juillet la vingt-deuxième édition de son Festival Chopin: si neuf jeunes pianistes dédient au compositeur polonais une après-midi «piano à portes ouvertes», huit concerts «aux chandelles» et sept «récitals d’après-midi» permettront par ailleurs de confronter Chopin, et plus particulièrement ses Etudes, avec ceux qui, plus ou moins célèbres, ont également sacrifié au genre, de Bach à nos jours.
La perspective s’annonce des plus stimulantes, car si aucun favori ne manque à l’appel (Liszt, Debussy, Scriabine, Rachmaninov, Ligeti), l’occasion sera également offerte, grâce à un conseiller musical aussi avisé que Guy Sacre, d’entendre des outsiders (Hummel, Moscheles, Arenski, Liapounov, Moszkowski, Liadov, Roger-Ducasse…), et ce sous des doigts aussi experts que ceux de Pascal Amoyel, Jean-Efflam Bavouzet, Philippe Bianconi, Abdel Rahman El Bacha, Eugen Indjic, Dominique Merlet ou Mikhaïl Rudy. Donnée devant une salle comble, la soirée inaugurale annonçait d’ailleurs on ne peut mieux la couleur de ce festival, le programme présenté par Idil Biret comportant en effet une première partie intégralement consacrée à Chopin et une seconde partie dévolue à différentes sortes d’Etudes.
Ayant gravé pour Naxos une intégrale Chopin, la pianiste turque n’a pas eu de mal à choisir des œuvres relativement peu fréquentées, à commencer par le Rondeau à la mazur (1826): péremptoire et rhapsodique, procédant par à-coups et impulsions aussi bien dans les attaques que dans les tempi, elle réserve toutefois un toucher qui sait se faire subtil dans l’ornementation et l’élégance encore très XVIIIe de la Polonaise en si bémol (1828), deuxième de l’opus 71. Son Chopin est résolu et sanguin, tout sauf effacé, éthéré ou fragile, même dans le Troisième impromptu (1842) ou dans la Barcarolle (1846), qui jamais ne s’alanguit ou ne s’amollit. L’Andante spianato et Grande polonaise brillante (1831) conclut de façon à la fois subtile (Andante) et spectaculaire (Polonaise) ce mini-récital.
Les quatre Etudes extraites de l’opus 25 (1832-1836) traduisent ensuite une approche «grand format», plus athlétique que poétique, servie par une technique impressionnante (puissance, précision de la main gauche), mais où l’allure fluctue sans cesse, avec une tendance à abuser de la pédale.
Ligeti a livré, à ce jour, dix-huit Etudes parmi lesquelles Biret en a sélectionné deux, fort contrastées, toutes deux extraites du Premier livre (1985): la Deuxième («Cordes à vide») et la Sixième («Automne à Varsovie»), cette dernière renvoyant, cent cinquante ans plus tard, au contexte politique et expressif de l’Etude «Révolutionnaire» de Chopin. Affrontant sans peine la haute virtuosité de ces pages, elle en souligne de façon exubérante le statut de «derniers (?) classiques du XXe siècle» (G. Sacre), dans la descendance de Liszt, Debussy ou Prokofiev.
Les huit Etudes-tableaux de Rachmaninov – deux de l’opus 33 (1911) et de l’opus 39 (1917) – ne s’épanchent pas outre mesure, emportées par un jeu agile et fougueux, mais aussi fracassant, parfois dur et bruyant. Les bis, non moins exigeants – que ce soit l’adaptation par Rachmaninov de Liebesleid de Kreisler et la Première danse hongroise de Brahms – sont à l’avenant.
Le site du Festival Chopin
Simon Corley
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