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Les Puritains dans la cité des papes

Avignon
Opéra-Théâtre
05/29/2005 -  et le 31 mai 2005
Vincenzo Bellini : Les Puritains
Inva Mula (Elvira), Nona Javakhidzé (Enrichetta), Marc Laho (Arturo), Dario Solari (sir Riccardo Forth), Mirco Palazzi (sir Giorgio Walton), Jean Teitgen (lord Gualtiero Walton), sir Bruno Robertson (Christian Jean). Orch. Lyrique de Région Avignon-Provence, dir. Marco Balderi. Chœur de l’Opéra-Théâtre d’Avignon et des Pays de Vaucluse, dir. Stefano Visconti. Mise en scène : Charles Roubaud.

Ce sont parfois les productions n’ayant d’autre ambition que de servir la musique qui vieillissent le mieux. Les Puritains mis en scène par Charles Roubaud, déjà présentés à Avignon en 1999, n’ont rien d’iconoclaste, mais témoignent d’une lecture très intelligente de l’ultime opéra de Bellini, où il trouve le juste équilibre entre le drame amoureux et le drame politique. En fond de scène, une grille symbolise sans doute l’univers clos où va s’égarer l’esprit d’Elvira qui se croit trahie, mais de subtils effets de lumière pourront signifier l’embellie de l’espérance, avec ces innombrables étoiles venant éclairer le ciel au deuxième acte. Beau jeu sur son voile de mariée aussi, que le chœur se passe de main en main alors qu’elle a sombré dans la folie. On attendait justement beaucoup d’Inva Mula dans cette prise de rôle. Force est de convenir que cette magnifique artiste pourrait bien s’y être fourvoyée. Certes la voix a gagné en médium, quitte à perdre en moelleux, et elle peut prétendre aborder maintenant des emplois moins légers – Elvira est d’ailleurs tout sauf un rossignol. Mais elle n’a pas vraiment la fibre belcantiste : le galbe de la phrase chantée sur le souffle, la virtuosité aérienne, la science des couleurs, tout cela lui manque. On voit d’ailleurs qu’elle cherche à se ménager : pas de reprise de « Vien, diletto » - sans contre-mi bémol. Elle est Violetta, mais elle n’est pas Elvira. Restent évidemment la musicalité, l’intelligence dramatique, qui ne peuvent toutefois suffire ici. Marc Laho, en revanche, n’a cessé de progresser ; ceux qui voudraient moins de vibrato dans la voix et des nuances plus affinées oublient à quel point il est rare de trouver aujourd’hui un ténor à l’émission assez haute et assez souple pour affronter cette tessiture meurtrière dans l’aigu - ou plutôt dans le suraigu - sans s’époumoner et mettre en péril l’homogénéité des registres. Bref, nous tenons là un Arturo dont il faut saluer à la fois la tenue et la probité. Soulignons aussi la belle prestation des clés de fa, qu’il s’agisse du Riccardo richement timbré de Dario Solari – qui devra cependant désengorger ses aigus, ou surtout du noble Giorgio au grave profond de Mirco Palazzi. On regrette d’autant plus que toutes ces belles voix n’aient pas eu le soutien qu’elles méritaient de la part de Marco Balderi, qui n’a pas su obtenir d’un orchestre en petite forme la cohésion et la fermeté nécessaires. Le beau travail réalisé par Stefano Visconti avec le choeur n’en ressortait que davantage.


Didier van Moere

 

 

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