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Weller l’enchanteur

Strasbourg
Palais de la Musique et des Congrès
05/11/2000 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n°6, KV.43
Camille Saint-Saëns : Concerto pour violon n°3, opus 61
Béla Bartók : Concerto pour orchestre

Joshua Bell (violon)
Orchestre Philharmonique de Strasbourg, Walter Weller (direction)

On ne peut pas soupçonner le prestigieux Walter Weller de ne pas bien connaître son Mozart. Issu de la grande tradition viennoise, il fonde le quatuor qui porte son nom avant de devenir Konzermeister du Philharmonique de Vienne. Et pourtant la symphonie de jeunesse, malgré un effectif réduit, sonne épaisse et scolaire, sans grand relief ; les musiciens installés confortablement au fond de leurs chaises passent à côté du pétillant de la partition pour ne révéler du très jeune Mozart que l’improbable image d’un enfant sage. Il est courant et fort déplorable, que dans les concerts l’oeuvre classique serve de simple mise en doigts avant la pièce principale – alors que l’apparente simplicité de l’écriture exige des interprètes un soin tout particulier pour en traduire la grâce.
Oublions ce Mozart sclérosé, pour nous plonger dans le concerto de Saint-Saëns. Le classicisme épuré de Joshua Bell est merveilleusement soutenu par la direction du chef. Pas d’effet tape-à-l’œil ou inutilement démonstratif : le premier mouvement est joué " comme il se doit ", à la limite de la banalité, mais le violon irréprochable du soliste captive malgré tout. Le tempo de l’andantino quasi allegretto est judicieusement choisi afin d'animer cette page qui sonne autrement un peu fade. C’est dans le finale que les choses deviennent passionnantes : Joshua Bell emballe le tempo, ose des timbres plus rugueux, et semble véritablement s’amuser avec son instrument. Le bis qu’il offrait ensuite (un extrait des sonates d’Ysaye), joué avec un naturel et un investissement saisissant, achevait de conquérir le public.
Le Concerto pour Orchestre de Bartók permettait de véritablement apprécier le travail d’orfèvre du Maestro : le chef en extrait des couleurs et des nuances rarement entendues sous les doigts des musiciens du Philharmonique. Son sens de la pulsation y fait merveille, l’intensité ne se relâchant jamais ; et il parvient de surcroît à distiller dans la partition un humanisme incandescent. L’art de la direction d’orchestre semble presque facile lorsqu’elle est pratiquée de la sorte.



Dimitri Finker

 

 

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