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Frustration

Paris
Maison de Radio France
05/07/2005 -  
Antonín Dvorák : Symphonie n° 8, opus 88 (premier mouvement)
Johannes Brahms : Symphonie n° 1, opus 68 (dernier mouvement)

Orchestre philharmonique de Radio France, Jakub Hrůsa (direction)


Créé en 2002, le poste de «jeune chef associé» de l’Orchestre philharmonique de Radio France fut d’abord confié, à l’issue d’un concours, à l’excellent Kirill Karabits: devenu par ailleurs premier chef invité de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg depuis octobre dernier, l’Ukrainien, plus spécialement en charge des actions «jeune public», a assisté trois saisons durant le directeur musical du «Philhar’», Myung-Whun Chung. Le moment était donc venu de recruter celui qui lui succédera à la rentrée prochaine.


Par étapes successives, le jury – qui regroupait, autour de Chung, quelques-uns des chefs de pupitres (Elisabeth Balmas, Robert Fontaine, Jean-Jacques Justafré, Adrien Perruchon) ainsi qu’Alain Poirier, directeur du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris – a opéré une sélection parmi les quatre-vingt-huit inscrits, en retenant treize sur dossier, puis, après les premières épreuves à la tête de l’Orchestre des lauréats du Conservatoire, seulement trois: le Français Christophe Mangou (né en 1976), le Colombien Andrés Orozco Estrada (né en 1977) et le benjamin, le Tchèque Jakub Hrůsa (né en 1981).


Si, à la différence de la plupart des concours comparables, les éliminatoires se déroulaient à huis clos, l’ouverture (gratuite) au public de la finale avait fait l’objet d’une large campagne d’information. Et, en ce long week-end de disette musicale dans la capitale, les mélomanes avaient donc quasiment rempli l’auditorium Olivier Messiaen pour assister à la confrontation de trois prétendants dans des œuvres de Jean-Philippe Bec, Dvorák et Brahms, chacun disposant de trois quarts d’heure pour faire ses preuves. Mais, de déception en déception, les événements allaient prendre un tour à la fois imprévu et frustrant.


18 heures 15: Jacques Taddei, directeur de la musique à Radio France, indique en effet que le jury, à l’issue de l’épreuve du matin, a estimé que sur les trois impétrants encore en lice, un seul méritait d’accéder à la finale. Et le combat cessa faute de combattants? Que nenni, puisque l’heureux élu, Jakub Hrůsa, qui fut notamment l’élève de Jirí Bělohlávek, n’en était pas moins appelé à démontrer ses capacités.


Nul doute que les jurés ont soigneusement pesé le pour et le contre, prenant pleinement leurs responsabilités, leur décision ayant pour conséquence de priver le public d’une finale digne de ce nom et de lui donner le sentiment que les jeux étaient faits avant son arrivée. Rien ne va plus? Qu’à cela ne tienne: comme les délibérations sont, par principe, souveraines, et faute d’avoir pu, au demeurant, en juger par soi-même, on s’apprêtait donc à faire contre mauvaise fortune bon cœur, mais ce fut pour déchanter immédiatement, puisqu’il fallut constater que la pièce (Saturne) de Bec était escamotée.


Les musiciens commencent donc par l’Allegro con brio de la Huitième Symphonie (1889) de Dvorák: le chef dirige d’abord le mouvement entier, dans un style dramatique et contrasté, pour ne pas dire chargé d’effets, avec des tempi extrêmement fluctuants et une tendance à jouer trop fort. Ensuite, dans un anglais précis et efficace, il fait brièvement répéter quelques passages, veillant plus particulièrement à ce que certaines voix soient mieux mises en valeur.


Même si l’intérêt de présenter une partition d’esthétique très voisine ne semblait pas évident, on se réjouissait d’avance de la perspective de voir travailler le jeune Tchèque dans le dernier mouvement de la Première Symphonie (1876) de Brahms. Cruelle désillusion de nouveau, car après avoir offert l’intégralité de ce vaste final, il explique que compte tenu du temps qui lui est imparti, il s’en tiendra là.


19 heures: le jury se retire une quinzaine minutes durant, et, sans surprise, Jacques Taddei peut annoncer que le futur «jeune chef associé» sera bien Jakub Hrůsa. Dans une courte allocution de remerciement, celui qui est déjà chef associé de la Philharmonie tchèque depuis 2002 révèle qu’il se fixe pour «premier objectif» d’apprendre le français. Malgré la frustration d’avoir été privé d’une véritable compétition, il reste évidemment à souhaiter qu’il engage une collaboration fructueuse avec l’Orchestre philharmonique de Radio France.



Simon Corley

 

 

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