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Sérénades de chambre

Paris
Palais Garnier
04/17/2005 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Quintette avec hautbois, K. 406 (+)
Max Reger : Sérénade pour flûte, violon, et alto, opus 77a (*)
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Sextuor à cordes «Souvenir de Florence», opus 70

Isabelle Pierre (flûte), Olivier Doise (hautbois), Jean-Pierre Sabouret (+ *), Thibault Vieux (violon), Diederick Suys (+ *), Fanny Baradeau (+) (alto), Eric Watelle, Katarina Allemany-Ewald (+) (violoncelle)


Dans le désert musical auquel se réduit trop souvent la capitale le dimanche soir, il faut se réjouir de bénéficier de l’oasis que constitue la présence régulière des solistes de l’Orchestre national de l’Opéra de Paris dans le cadre magnifique du Palais Garnier, pour une bonne heure de musique de chambre donnée sans entracte, avec en l’espèce un programme illustrant les aspects très divers que peut recouvrir la notion de sérénade.


Sans doute assez peu convaincu du caractère de «sérénade» de sa partition, Mozart a lui-même transcrit sa Douzième sérénade (1782), écrite pour huit instruments à vent, en Quintette à cordes (1787). Partant du constat que la partie de premier hautbois de l’une est identique à celle de premier violon de l’autre, Olivier Doise en propose une adaptation pour hautbois et cordes. Même si l’on comprend aisément que les virtuoses de cet instrument – qui n’ont à opposer aux Quatuors avec flûte, au Trio pour clarinette, alto et piano et au Quintette avec clarinette qu’un Quatuor avec hautbois – souhaitent élargir leur répertoire mozartien, le résultat ne fonctionne pas de façon très satisfaisante. En effet, par construction, le hautbois est ici associé non à un quatuor à cordes classique, mais à une formation étrangement déséquilibrée (violon, réduit à un rôle secondaire, deux altos et violoncelle), qui soulève des problèmes d’homogénéité en termes de timbres: il ressort trop clairement que les échanges ou les doublures avec le premier alto ou le violon n’ont pas été conçus pour un hautbois. Cela étant, la finesse de la sonorité d’Olivier Doise n’est évidemment pas en cause, contribuant même à alléger les textures de cette œuvre particulièrement sombre.


A onze années d’intervalle, Reger a publié deux recueils (opus 77 et opus 141) comprenant chacun une sérénade pour flûte (ou violon), violon et alto et un trio à cordes. Tirée du premier d’entre eux, la Sérénade pour flûte, violon et alto (1904) – en comme celle écrite par Beethoven pour le même effectif – traduit un retour au classicisme mozartien, avec une fraîcheur et un élan qui annoncent même déjà Martinu, bien que les suaves modulations évoquent encore Richard Strauss. Reger ne renonce certes pas à son goût pour la variation (Andante semplice con variazioni central), mais contredit de façon éclatante le cliché d’un compositeur lourd et austère, offrant un aimable divertissement en trois mouvements d’à peine vingt minutes, servi par la flûte transparente et légère d’Isabelle Pierre.


Conclusion plus familière de ce concert, le Sextuor «Souvenir de Florence» (1890) de Tchaïkovski, avec son Adagio cantabile e con moto, se rattache également au genre de la sérénade. Malgré des tempi globalement un peu retenus, l’ensemble paraît manquer davantage de cohésion et de précision que de fougue, de générosité ou de sentimentalité, tant les musiciens semblent prendre plaisir à jouer cette musique. Au premier violon, Jean-Pierre Sabouret ne lésine pas sur la corde sensible, tandis que le violoncelle d’Eric Watelle, plus sobre, n’est pas moins expressif.



Simon Corley

 

 

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