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Maria Stuarda sans Maria Stuarda…

Geneva
Grand Théâtre
03/29/2005 -  et le 31 mars ainsi que les 2, 4, 6* et 8 avril 2005

Gaetano Donizetti: Maria Stuarda


Joyce Di Donato (Elisabetta), Gabriele Fontana (Maria Stuarda), Eric Cutler (Leicester), Giovanni Furlanetto (Talbot), Marzio Giossi (Cecil), Marion Ammann (Anna Kennedy)
Chœur du Grand Théâtre (Ching-Lien Wu, préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Evelino Pido (direction musicale), Alain Garichot (mise en scène)


L’opéra italien est le talon d’Achille de l’actuelle direction du Grand Théâtre de Genève. Hormis quelques exceptions éclatantes, la dernière en date étant le superbe Otello qui a ouvert la saison, ce pan du répertoire, essentiel s’il en est, n’est malheureusement pas mis en valeur comme il le devrait. Pourquoi vouloir alors absolument monter tel ou tel ouvrage si les conditions idéales ne sont pas réunies? Et quand on sait que la réussite d’une partition belcantiste repose essentiellement sur les épaules des chanteurs, pourquoi vouloir présenter Maria Stuarda alors qu’on ne dispose que d’une seule des deux reines? Ce n’est pas faire injure à Gabriele Fontana que de dire que ses moyens vocaux ne correspondent absolument pas au rôle de Maria Stuarda, tant elle a prouvé ses qualités dans d’autres styles, à Genève comme ailleurs. Maria Stuarda sans véritable Maria Stuarda donc… D’entrée de jeu en effet, la voix de la chanteuse apparaît pâle, tendue, ne réussissant jamais à se déployer pleinement, souvent à la limite de la justesse et sans une once d’italianità. Seuls des pianissimi magnifiques et, fort heureusement, une indubitable présence scénique parviennent à racheter un tant soit peu cette erreur manifeste de distribution. D’autant que le contraste est frappant avec l’Elizabeth de Joyce di Donato. Ses ressources vocales impressionnantes lui permettent des aigus claironnants, presque métalliques, et des vocalises lancées avec aplomb. Avec, qui plus est, des nuances infinies de couleur et d’émission, elle n’a aucune peine à imposer son personnage de souveraine intransigeante et jalouse, magnifiquement servie aussi par son sens de la scène. Les messieurs n’ont que des rôles secondaires, intervenant surtout dans les passages d’ensemble. Malgré un début difficile qui laisse clairement entrevoir ses limites vocales, le Leicester d’Eric Cutler s’affirme au fil de la représentation, avec de beaux moments d’expressivité dans le chant. Le Talbot de Giovanni Furlanetto est un modèle de style et d’élégance vocale, alors que Marzio Giossi ne convainc pas vraiment en raison d’un timbre quelque peu fruste.


Le drame est présent dès l’ouverture grâce à la baguette dynamique et énergique d’Evelino Pido, qui sait aussi trouver le juste équilibre entre tension et précision. Une mention spéciale est à décerner également au Chœur du Grand Théâtre. Le spectacle conçu par Alain Garichot laisse quant à lui perplexe. Si le metteur en scène a admirablement réglé les interventions de chacun des personnages de l’intrigue, sans l’aide d’aucun accessoire, on reste songeur par contre devant la banalité des décors (Alain Lagarde), constitués d’immenses vitres sur les côtés de la scène, et devant les lumières (Stéphanie Daniel), qui empêchent de bien distinguer les personnages. Au final donc, un plateau dénudé sur lequel se déroule une production d’une extrême froideur visuelle, en opposition totale avec les bouillonnements qui agitent la musique.




Claudio Poloni

 

 

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