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Tout pour le violon Paris Théâtre Mogador 04/09/2005 - Pablo de Sarasate : Fantaisie de concert sur des airs de «Carmen», opus 25
Paul Dukas : L’Apprenti sorcier
Nicolo Paganini : Concerto pour violon n° 4
Richard Strauss : Till Eulenspiegels lustige Streiche, opus 28
Salvatore Accardo (violon)
Orchestre Pasdeloup, Wolfgang Doerner (direction)
Dans une saison principalement dédiée à Offenbach et au violon, c’est celui-ci qui tenait la vedette pour le dernier concert de l’Orchestre Pasdeloup: Patrice Fontanarosa, conseiller artistique de la formation parisienne, et Marianne Rivière, qui préside aux destinées de cette association depuis le premier pupitre des violons, s’en sont en effet donné à cœur joie en invitant, aux côtés de Salvatore Accardo, Etienne Vatelot, avec l’infatigable gentillesse de sa quatre-vingtième année. Le luthier, qui avait dû déclarer forfait pour raisons de santé en octobre dernier, s’est largement rattrapé en offrant – nonobstant une regrettable panne de micro – une conversation à bâtons rompus avec le violoniste italien. Alternant souvenirs et anecdotes, ce duo plaisant et amical évoque notamment les instruments d’Accardo et leurs précédents propriétaires, du stradivarius de Ferras à celui de Francescatti, le fameux Hart (1727).
Pourquoi Accardo a-t-il choisi des pièces de haute virtuosité telles que la Fantaisie de concert sur des airs de «Carmen» (1883) de Sarasate ou le Quatrième concerto (1830) de Paganini, alors même qu’il ne semble plus en mesure d’en relever tous les défis? Sans doute parce qu’en véritable musicien, son art ne se résume pas à une technique froide et brillante, mais qu’il sait donner corps à ces tempi étrangement lents, qu’il parvient à faire ressortir toute la poésie d’œuvres trop souvent cantonnées à leur caractère extérieur et qu’il chante tout simplement à merveille, jusque dans l’inévitable Sarabande de la Deuxième partita de Bach donnée en bis.
Deux poèmes symphoniques presque exactement contemporains complétaient le programme, sous la baguette de Wolfgang Doerner, toujours aussi apprécié des musiciens: le chef allemand dirige d’abord L’Apprenti sorcier (1897) de Dukas, entêtant mais élégant, puis ouvre le grand livre d’images de Till Eulenspiegel (1895) de Richard Strauss, jouant à se faire peur avec l’effrayant et le grotesque.
Simon Corley
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