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Outsiders

Paris
Auditorium du Louvre
04/06/2005 -  
Felix Mendelssohn : Quatuor n° 4, opus 44 n° 2
Erwin Schulhoff : Quatuor n° 1
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Quatuor n° 1, opus 11

Quatuor Vogler: Tim Vogler, Frank Reinecke (violon), Stefan Fehlandt (alto), Stephan Forck (violoncelle)


Le cycle de quatuors offert cette saison par l’Auditorium du Louvre se poursuivait avec le Quatuor Vogler, qui, bien que familier du lieu, n’avait cependant pas «fait le plein». Est-ce parce qu’il présentait un programme sortant des sentiers battus (Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Bartok, Chostakovitch) et regroupant trois relatifs outsiders du genre? En tout cas, les absents, plus que jamais, ont eu tort, car la formation allemande a, tout au long de la soirée, plaidé de façon particulièrement éloquente en faveur de chacune de ces œuvres, tant elle y a démontré de multiples qualités: capacité d’adaptation à des styles très différents, homogénéité technique (pas de maillon faible, chacun se plaçant au même niveau d’excellence), lisibilité des différentes voix, sonorité évoquant le diamant plutôt que l’acier ou le velours dont semblent faits d’autres quatuors.


Le Quatrième quatuor (1837) de Mendelssohn, premier achevé de l’opus 44 bien que placé en deuxième position de ce recueil, traduit l’attachement du compositeur à la tonalité de mi mineur, qui sera celle de son Concerto pour violon puis, dans une atmosphère autrement plus tragique, de son ultime quatuor. Sans accentuer le caractère expressif du propos, soucieux des nuances, les musiciens en livrent une interprétation souple, équilibrée et de bon goût, où leur finesse (Allegro di molto) ainsi que leur lyrisme dépourvu d’affectation (Andante) font merveille. Ne se départant jamais d’une subtile élégance, ils rendent ainsi pleinement justice à l’idéal classique de Mendelssohn.


A la faveur de la redécouverte récente de la «musique dégénérée» mise au ban du régime nazi, Schulhoff revient peu à peu à l’affiche des concerts. En quatre brefs mouvements (quinze minutes), son Premier quatuor (1924) – le Second apparaîtra dès l’année suivante – s’inscrit dans la lignée de l’objectivité d’un Hindemith ou de l’ironie féroce d’un Stravinski (celui des deux Suites pour petit orchestre), avec ses mélodies délibérément simplistes (alla slovacca) et son recours à une vaste palette d’effets sonores, mais son Andante molto sostenuto conclusif introduit une dimension dramatique plus postromantique ou expressionniste. Abandonnant la réserve et les demi-teintes, le Quatuor Vogler, avec un engagement de tous les instants et une sidérante perfection de mise en place, s’approprie la partition comme si elle avait été écrite pour lui.


En seconde partie, les Vogler donnent du Premier quatuor (1871) de Tchaïkovski une vision sereine, limpide et transparente: au-delà même de la douceur nostalgique du fameux Andante cantabile, l’ensemble paraît couler de source et baigner dans le caractère radieux et apaisé qui est parfois celui de Brahms. En bis, le Presto (deuxième mouvement) du Treizième quatuor (1825) de Beethoven confirme la formidable précision des archets.



Simon Corley

 

 

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