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Sacre parisien de Rolando Villazon!

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
03/30/2005 -  
Airs de Massenet, Gounod, Verdi…
Rolando Villazon (ténor)
Orchestre de l'opéra royal de Wallonie
Marco Zambelli (direction)

Pour son premier récital en Europe, Rolando Villazon a choisi Paris pour présenter un magnifique panorama des airs qu’il possède à son répertoire à ce moment de sa carrière. Massenet va alors côtoyer Gounod, Puccini ou bien encore Donizetti. Le jeune ténor mexicain se lance corps et âme dans cet exercice périlleux et conquiert immédiatement un public qui ne cessera d’en redemander.



La première partie du concert est consacrée aux compositeurs français que Rolando Villazon affectionne particulièrement et qu’il sert si bien. Tous les habitués de Bastille ont en mémoire son magnifique Faust ou bien son délicat Des Grieux le temps d’une représentation l’année dernière. Le récital débute avec l’un des rôles fétiches de Rolando Villazon, Roméo, et avec l’air le plus célèbre de la partition “Ah! lève-toi soleil”. Il en fait une petite merveille de douceur et d’émotion surtout dans la reprise où on sent peu à peu la tension monter et l’amour de Roméo grandir pour éclater dans les “parais” aigus. Et comment résister à “astre pur et charmant” avec des notes si rondes et voluptueuses? Vient ensuite le fameux “Source délicieuse” de Polyeucte, air auquel Rolando Villazon apporte une immense émotion surtout sur les différents “monde”: il éclaire aussi d’un espoir la flamme “divine”. Parti en coulisse le temps de la Méditation de Thaïs, c’est un nouveau Rolando Villazon qui revient sur scène, sûr de lui, en pleine possession de ses moyens, pour interpréter magistralement le premier air de Des Grieux “En fermant les yeux”. Comment décrire la douceur de ses attaques, les longues tenues en mezza-voce sur “là-bas”? Il chante tout cet air avec calme, sans jamais quitter la ligne de chant, faisant preuve d’une grande habileté dans le souffle et dans le soutien et accentuant quelques notes pour briser la “monotonie” de l’air comme, par exemple, sur “paradis”. Et le plus magnifique est encore dans le “o Manon” final qu’il tient très longtemps jusqu’à la mort de la musique… Du très grand Art! A partir de ce moment le chanteur semble se détendre et laisser la musique s’emparer de lui et il donne alors le meilleur de lui-même. La partie française se conclut sur le “Ô souverain, ô juge, ô père” du Cid que le ténor chante magistralement, peut-être mieux que dans son disque. Il donne également le récitatif introductif auquel il apporte beaucoup d’expressivité. Rolando Villazon a une diction excellente et il se sert de cette qualité pour mettre en relief certains mots et leur donner un sens: ainsi on sent parfaitement une gradation dans les trois premiers mots de l’air.
Après l’entracte, place à la musique italienne avec tout d’abord l’air “Angelo casto e bel” que Rolando Villazon interprète avec passion et chaleur: le legato sur “di affanno e di terror” est magique! Il reprend ensuite l’air de Macduff “O figli, o figli miei!” avec toujours autant de conviction surtout dans la partie du récitatif. La douleur du personnage s’entend dans chaque note grâce aux ports de voix et aux respirations entre les phrases qui donnent encore plus d’intensité à son interprétation. Rolando Villazon abordera le rôle de Cavaradossi l’année prochaine à Berlin et à en juger par son interprétation de “E lucevan le stelle”, on devrait tenir l’un des meilleurs ténors dans ce rôle. Son chant est absolument saisissant surtout dans le petit “duo” entre le gardien et Cavaradossi, où on ne peut s’empêcher d’entendre l’héritage de Placido Domingo… Cet air est peut-être l’un des sommets du récital tellement Rolando Villazon s’engage complètement dans le désespoir du personnage: ses “tanto la vita “finaux sont impressionnants. Tout semble un adieu suprême à la vie grâce à un tempo lent et soutenu! Le concert s’achève sur l’air-culte de Rolando Villazon à savoir “e la solita storia” de L’Arlesiana de Cilea: il ne s’y est rarement montré en si bonne forme, laissant pleurer les notes sur “anch’io vorrei” ou bien les retenant à l’extrême sur “come l’invidio”.
Rolando Villazon semble infatiguable et il enchaîne bis sur bis. Tout d’abord il donne un aperçu du Werther qu’il chantera à Nice en janvier prochain, un Werther profondément fringuant avec un “pourquoi me réveiller” superbement conduit. Il aborde ensuite “Amor ti vieta” de Fedora, petit bijou qu’il manie très bien, accordant sa voix et ses couleurs sur l’orchestre qui se marie alors très bien avec lui. Il rend ensuite hommage à sa langue avec un “No puede ser” poignant, surtout dans la deuxième partie où il convoque ses graves intenses et superbes. A la demande générale, il donne un quatrième bis, italien cette fois, puisqu’il s’agit du périlleux “La Danza” de Rossini où il rivalise de virtuosité et d’humour notamment quand il retient la musique pour ensuite lâcher une cascade de notes dans “tra la la”. Avec toujours autant d’enthousiasme, il revient pour un cinquième bis, événement rare voire exceptionnel dans un récital, pour un dernier “no puede ser”.


Marco Zambelli est un chef consciencieux et précis. Il suit parfaitement le chanteur et sait modifier la dynamique de l’orchestre pour l’aider dans ses airs. Les pages orchestrales ne manquent pas d’allure notamment l’intermezzo de Manon Lescaut pour lequel il adopte un tempo lent et imaginatif: la tension monte peu à peu pour exploser avec, notamment, des percussions très présentes. De même la Méditation de Thaïs est parfaitement amenée, avec une grande sensibilité.



Rolando Villazon n’est pas seulement un excellent chanteur, il est aussi un musicien hors pair, capable de colorer son chant, de le parer de mille feux pour exprimer l’amour qu’il porte à Tosca dans “E Lucevan le stelle”, la colère dans Macbeth, la douceur de l’humble retraite dans Manon…Tous ces airs prennent vie avec son interprétation et il est capable de raconter une histoire, un drame ou un bonheur en quelques minutes et de planter le décor en quelques secondes. Rolando Villazon a gagné son pari et on a rarement vu un public en proie à autant de délire! Longue carrière à ce merveilleux ténor!




A noter:
- le nouveau disque de Rolando Villazon vient de sortir chez Virgin Classics. Il rend hommage à Gounod (Faust, Roméo…) et Massenet (Manon, Le Roi de Lahore…)
- Rolando Villazon sera de nouveau à Paris pour La Bohème à la Bastille en octobre 2005 et pour un récital au Théâtre des Champs-Elysées le 1er avril 2006.


Manon Ardouin

 

 

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