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Hommage à Enesco

Paris
Hôtel national Invalides
04/02/2005 -  
Georges Enesco : Sonate pour violoncelle et piano n° 1, opus 26 n° 1 (*) – Suite pour piano n° 2, opus 10 (#) – Cantabile et Presto (+) – Nocturne et Saltarello (&) – Symphonie de chambre, opus 33 (§)


Alexandre Naassan (+) (flûte), Raphael Bell (* &) (violoncelle), Matei Rogoz (#), Mimi Solomon (*), Alissa Duryee (+) (piano)
Orchestre de chambre de la Société philharmonique «Georges Enesco» de Bucarest: Anda Petrovici (violon), Florin Matei (alto), Dan Joitoiu (violoncelle), Virgil Hada (contrebasse), Nicolae Maxim (flûte), Adrian Petrescu (hautbois), Florenel Ionoaia (cor anglais), Aurelian-Octav Popa (clarinette), Viorica Feher (basson), Dan Cinca (cor), Mihai Toth (trompette), Nicolae Licaret (piano), Christian Mandeal (direction) (§)


«Grands anniversaires de l’UNESCO», prochaine signature du traité d’adhésion de la Roumanie à l’Union européenne, remise des insignes de commandeur de l’Ordre national du mérite culturel roumain à Ivry Gitlis: sans doute une telle conjonction d’événements est-elle hélas devenue nécessaire pour faire sortir la musique d’Enesco de l’obscurité dans laquelle elle demeure en grande partie, et ce, même dans sa seconde patrie, alors que l’on s’apprête à commémorer sa disparition, survenue le 4 mai 1955 à Paris. Car hormis ce cycle «Georges Enesco: ses précurseurs, ses contemporains, ses héritiers» organisé par l’Institut culturel roumain, qui présente notamment deux concerts dans le cadre de la saison musicale du Musée de l’armée (Hôtel national des Invalides), force est de constater que l’hommage rendu par la capitale demeure pour le moins discret alors même que c’est ici qu’Enesco acheva ses études, connut ses premiers succès et passa une grande partie de son existence, s’y installant définitivement en 1946. Et c’est également à Paris qu’Ivry Gitlis, alors âgé de quatorze ans, reçut l’enseignement d’Enesco, dont il évoque brièvement la personnalité dans un discours de récipiendaire délicieusement foutraque et facétieux, faisant fi de circonstances d’ordinaire plus solennelles et empesées.


Quelque peu gâchée par des va-et-vient incessants, en particulier ceux d’un cameraman équipé de semelles de caoutchouc chuintant méthodiquement sur le carrelage, la soirée offrait un vaste panorama de la production d’Enesco, depuis ses premiers essais jusqu’à son ultime opus. Raphael Bell et Mimi Salomon, tous deux issus de la Juilliard school, donnent ainsi la Première sonate pour violoncelle (1898), œuvre d’un jeune homme de dix-sept ans qui a remarquablement assimilé Brahms – au travers d’un langage aux solides racines classiques et romantiques – et Franck – par sa maîtrise de la forme cyclique – mais dont le style s’affirme déjà par le souci d’un flux sonore continu, par une exceptionnelle hauteur de vue et par une générosité jamais triviale, ne concédant même pas le moindre accent «national» ou «folklorique». Proposant un dialogue très équilibré entre les deux protagonistes, cette sonate ne néglige pas pour autant, dans le Molto andante, les qualités lyriques du violoncelle.


Virtuose du violon, Enesco l’était presque autant du piano, pour lequel il a laissé bon nombre de partitions, dont trois Suites et deux Sonates. La Deuxième suite (1903), tant par les titres de ses quatre mouvements (faisant référence à la période baroque) que par certains traits d’écriture, s’inscrit dans la lignée de la Suite bergamasque ou de Pour le piano de Debussy. Mais au-delà de ces chatoiements «impressionnistes», un parti pris résolument symphonique et une harmonie postwagnérienne lui confèrent un caractère tout à fait original, ce qui fait d’autant plus regretter que Matei Rogoz la restitue de façon si univoque, avec une brutalité et une puissance évoquant Prokofiev.


Le programme se poursuivait avec deux courts diptyques d’excellente facture, même s’ils ajoutent certes peu à la gloire du compositeur: Cantabile et Presto (1904) pour flûte (Alexandre Naassan) et piano (Alissa Duryee), destiné aux concours du Conservatoire de Paris, dont le charme très «français» semble déjà annoncer Poulenc, puis Nocturne et Saltarello (1897) pour violoncelle et piano (à nouveau Bell et Rogoz), plus convenu.


Conclusion de grand luxe, avec la venue, pour les dix-sept minutes de la Symphonie de chambre (1954), de Christian Mandeal et des solistes de l’Orchestre philharmonique «Georges Enesco» de Bucarest, formation qu’il dirige depuis 1991 et avec laquelle il a gravé chez Arte Nova une intégrale Enesco qui a fait date. Même si elle ne fait appel qu’à douze (et non à quinze) instruments, difficile de ne pas penser ici à la Première symphonie de chambre de Schönberg, dont elle partage, au-delà de sa structure en quatre parties enchaînés et de son pôle de mi, la densité foisonnante et le chromatisme aux limites de la tonalité. En bis, les musiciens reprennent l’Allegro molto moderato final.


Le site de l’Institut culturel roumain



Simon Corley

 

 

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