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Sur le qui-vive

Paris
Salle Gaveau
03/24/2005 -  
Ludwig van Beethoven : Sonates n° 17 «La Tempête», opus 31 n° 2, et n° 28, opus 101
Franz Schubert : Sonate n° 23, D. 960

Stephen Kovacevich (piano)


Confronté voici presque exactement un an à Kissin (voir ici), Stephen Kovacevich, en concurrence cette fois-ci avec Tzimon Barto à Mogador et Miklos Perényi à Orsay, revenait dans le cadre de Piano ****. Après un récital exclusivement beethovénien en 2004, consacré aux trois dernières sonates, le pianiste américain commençait cette fois-ci par deux sonates antérieures du maître de Bonn.


Parvenant à conjuguer perspective abstraite et climat dramatique, Kovacevich, plus rhétorique que narratif, livre une interprétation, au sens fort du terme, à la fois haute en couleur – telles ces basses telluriques – et sans concession, de la Dix-septième sonate «La Tempête» (1802), dont il fait ressortir l’extraordinaire modernité: ainsi, rarement l’irruption du récitatif dans le premier mouvement aura-t-elle autant annoncé la Trente et unième sonate ou même la Neuvième symphonie.


Avec un Kovacevich toujours sur le qui-vive, entretenant l’illusion de l’improvisation tout en allant à l’essentiel et cultivant un sentiment d’urgence sans verser dans une spontanéité brouillonne, le texte de la Vingt-huitième sonate (1816) semble se dérouler devant nous: Allegro ma non troppo limpide et vif, Vivace alla marcia abrupt et péremptoire, Adagio ma non troppo con affetto simple et dépouillé, Allegro ma non troppo au développement fugué dont la puissante dynamique ne compromet jamais la lisibilité.


En seconde partie, la Vingt-troisième sonate (1828) de Schubert bénéficie d’une lecture originale et aventureuse, osant les silences et les ruptures tout en mettant en valeur la progression du discours. Wanderer avançant d’un pas assez vif, omettant la reprise du Moderato initial et enchaînant les mouvements quasiment sans interruption, Kovacevich ne néglige pas pour autant la portée métaphysique de cette ultime sonate, dont il souligne la parenté avec le dernier Beethoven, que ce soit dans certains épisodes de l’Allegro ma non troppo final ou, surtout, dans un Andante sostenuto extraordinairement subtil et aux sonorités splendides. Toujours animé par une volonté de clarté et de transparence, il obtient un résultat miraculeux dans un Allegro vivace con delicatezza insaisissable, comme tout juste effleuré.


Aussi brèves soient-elles, les pièces offertes en bis – deux des douze Danses allemandes D. 790 (1823) de Schubert et, comme l’année dernière, la cinquième des six Bagatelles de l’opus 126 (1824) de Beethoven – font l’objet d’attentions tout aussi minutieuses.



Simon Corley

 

 

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