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En plein air

Paris
Maison de Radio France
03/20/2005 -  
Albert Roussel : A glorious day, opus 48
André Jolivet : Défilé
Florent Schmitt : Dionysiaques, opus 62
Olivier Messiaen : Et exspecto resurrectionem mortuorum

Orchestre du Conservatoire de Paris, Zsolt Nagy (direction)


Cet ultime programme du week-end de «Figures françaises» proposé (gratuitement) par Radio France permettait de retrouver l’excellent Orchestre du Conservatoire (CNSMDP) de Paris dans un programme offrant de réelles découvertes – trois pièces pour orchestre d’harmonie, un effectif rarement réuni sur scène – et une partition monumentale, somme toute rarement donnée: il reste à espérer que Jacques Taddei, le nouveau directeur de la musique de la «maison ronde», présent à ce concert aux côtés de Christine Jolivet-Erlih, poursuivra dans cette voie stimulante et courageuse ouverte par son prédécesseur, René Koering.


Moins pratiqué, par tradition, que dans les pays anglo-saxons, l’ensemble d’harmonie a néanmoins inspiré des créateurs de l’envergure de Roussel, qui lui dédie en 1932 A glorious day: six minutes franches et colorées, non dépourvues de bonne humeur et même d’humour, qui portent la patte si caractéristique de l’auteur de Bacchus et Ariane. Jolivet, quant à lui, a instrumenté en 1935 deux des trois mouvements de son recueil de Croquis (1932) pour piano. En l’absence de «préparation [...] dans des conditions artistiques satisfaisante» due à «la mauvaise qualité du matériel musical» dont les musiciens ont disposé, on n’entendra pas Soir, mais seulement un étrange Défilé (trois minutes), destiné à un ensemble plus restreint que celui employé par Roussel, à la sécheresse plus inquiétante que festive, encore tributaire de l’esthétique des Six, et qu’un Weill n’aurait sans doute pas désavoué.


Nettement plus ambitieux, échappant totalement aux poncifs du genre, Schmitt apporte une contribution essentielle au répertoire avec ses Dionysiaques (1914), «poème pour orchestre d’harmonie» (enrichi d’un très important pupitre de percussions). Dans la descendance directe de l’orientalisme rutilant et vénéneux de sa Tragédie de Salomé, il livre ici dix minutes d’une écriture extrêmement virtuose et spectaculaire. De quoi aiguiser la curiosité quant à ce mystérieux Selamlik (1906), «divertissement turc» pour la même formation...


Même si Messiaen avait prévu Et exspecto resurrectionem mortuorum (1964) pour de «vastes espaces», «et même le plein air et la haute montagne», cet hommage aux victimes des deux guerres mondiales relève moins de l’ensemble d’harmonie que d’un (immense) orchestre symphonique privé de sa section de cordes. On ne peut plus emblématique du compositeur, cette fresque scandée par les gongs, tam-tams et cencerros associe chants d’oiseaux, rythmes hindous et préoccupations théologiques. La qualité des soli, l’équilibre des ensembles et la précision de la mise en place traduisent le formidable travail accompli par les jeunes musiciens et leur chef, Zsolt Nagy, qui, en intraitable maître de cérémonie, fait durer les silences et laisse résonner longuement les sons, portant la durée de l’œuvre à près de quarante minutes.



Simon Corley

 

 

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