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Peplum soviétique

Paris
Opéra Bastille
03/14/2005 -  et 17, 21, 24, 26, 30 mars, 3, 6 et 8 avril 2005
Serge Prokofiev : Voïna i Mir, opus 91
Bo Skovhus (Prince Andrei Bolkonski), Olga Guryakova (Natacha Rostova), Larisa Kostyuk (Sonia, L’aide de camp du maréchal Murat), Leonid Bomstein (L’hôte du bal, L’aide de camp du général Compans, Lieutenant Bonnet), Grzegorz Staskiewicz (Un laquais, L’aide de camp du Prince Eugène), Felicity Palmer (Maria D. Akhrossimova), Irina Bogatcheva (Madame Peronskaïa), Leonid Zimnenko (Comte Ilia A. Rostov, Général Bennigsen), Michael König (Comte Pierre Bezoukhov), Elena Zaremba (Comtesse Hélène Bezoukhova), Vsevolod Grivnov (Anatole Kouraguine, Général Barclay de Tolly), Maxim Mikhailov (Dolokhov, Général Ermolov), Evgeni Polikanin (Un vieux laquais), Sofia Aksenova (Une femme de chambre), Stanislav Shvets (Un valet, Capitaine Ramballe), Susana Poretsky (Princesse Maria), Gleb Nikolsky (Prince Nikolai A. Bolkonski), Vladimir Matorine (Le cocher Balaga, Tikhon Cherbaty, Matvéiev), Irina Doljenko (La tzigane Matriocha), Olga Schalaewa (Douniacha, Une marchande), Andrey Antonov (Gavrila, Jacquot), Andrei Baturkin (Métivier, Général Raïevski), Mihajlo Arsenski (Konovitsyne, Officier russe), Viacheslav Voynarovskiy (Un abbé français, Monsieur de Beausset), Andrey Breus (Denissov), Valerij Serkin (Fiodor, Ivanov), Alexandre Ekaterininski (Premier général allemand), Slawomir Szychowiak (Second général allemand), Vladimir Ognovenko (Maréchal Mikhail Koutouzov), Alexander Podbolotov (L’aide de camp de Koutouzov, Une voix en coulisse, Premier fou), Vassili Gerello (Napoléon), Ilya Bannik (Maréchal Berthier), Vladimir Ognev (Général Belliard, Second fou), Michail Schelomianski (L’aide de camp de la suite de Napoléon), David Bizic (L’ordonnance du Prince Andrei, Un jeune ouvrier), Ilya Levinsky (Gérard), Irina Tchistjakova (Mavra Kouzminichna), Igor Matioukhine (Maréchal Davout), Nikolai Gassiev (Platon Karataïev), Yuri Kissin (Officier russe), Vadim Artamonov (Officier français), Rodrigo Garcia (Premier chanteur du chœur), Béatrice Malleret (Première actrice française), Ghislaine Roux (Seconde actrice française)
Maîtrise des Hauts-de-Seine, Chœurs de l’Opéra national de Paris, Peter Burian (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Vladimir Jurowski (direction musicale)
Francesca Zambello (mise en scène), John Macfarlane (décors), Nicky Gillibrand (costumes), Dominique Bruguière (lumières), Denni Sayers (chorégraphie)


Donnée douze fois à Bastille en 2000 (voir ici et ici), la production de Guerre et paix (1941-1952) mise en scène par Francesca Zambello y revient pour neuf représentations d’ici le 8 avril. La distribution a été substantiellement modifiée mais, en tout état de cause, une telle reprise constitue un événement, car l’opéra de Prokofiev est de ceux qui concourent pour le livre des records, non point par sa durée (un peu plus de trois heures un quart de musique), mais par son ambition (l’adaptation du roman de Tolstoï) et, surtout, par l’ampleur des moyens qu’il requiert (soixante-sept rôles, confiés ici à quarante-deux chanteurs).


De ce point de vue, le metteur en scène américain, dont le travail se cale à chaque instant sur la partition, maîtrise avec une parfaite efficacité le gigantisme de l’entreprise, malgré quelques procédés répétitifs: ainsi, c’est au moins quatre fois – par exemple dans l’Epigraphe (inséré juste avant l’entracte) – que la foule, partie du fond du plateau, progresse lentement mais inexorablement vers le public. Dans la première partie («La Paix»), les personnages semblent comme écrasés par leur destin face aux murs immenses et dépouillés, aux miroirs et aux quelques éléments de décor (méridienne, canapé, table) des palais et propriétés créés par John Macfarlane. Statique, voire figée, la direction d’acteurs, accompagnée de chorégraphies empesées de Denni Sayers, contribue, avec les costumes – certes d’époque, mais d’une époque qui fait référence à l’Antiquité – de Nicky Gillibrand, à donner naissance à un climat étrange, à l’unisson des lumières blêmes réglées par Dominique Bruguière. Manifestement plus à l’aise avec Géricault qu’avec Ingres, Zambello convoque dans la seconde partie («La Guerre») tout l’attirail militaire (canons, étendards...) et climatique (neige), ouvrant un grand livre d’images au premier degré tout à fait convaincant, tandis que l’embrasement de la fin du onzième tableau n’a rien à envier à celui d’un Walhalla bayreuthien.


Si le traitement du sujet évoque aussi bien Eugène Onéguine par son côté sentimental que Boris Godounov par ses tableaux historiques ou grotesques, la musique de Prokofiev ne doit rien à personne et s’inscrit dans l’atmosphère tour à tour sombre et volontariste de sa Cinquième symphonie, écrite au même moment. Dans cet esprit, l’Orchestre de l’Opéra national de Paris, fortement sollicité mais tellement bien mis en valeur par un compositeur aux légendaires qualités d’orchestrateur, est à la fête, sous la baguette précise de Vladimir Jurowski, qui a la sagesse de doser les effets. Les Chœurs de l’Opéra national de Paris, auxquels échoit notamment la lourde mission de personnifier le peuple russe, méritent des éloges comparables.


Bo Skovhus et Michael König succèdent respectivement à Nathan Gunn et à Robert Brubaker: le premier incarne un Andrei plus raffiné que puissant, ce manque de projection expliquant peut-être l’accueil hostile réservé par certains spectateurs à une prestation pourtant admirablement nuancée; le second, dramatiquement crédible, a parfois du mal à placer sa voix, mais cette fragilité n’est pas incompatible avec le caractère tourmenté de son rôle.


Le reste de la distribution est, pour l’essentiel, originaire des grandes institutions russes (Bolchoï, Mariinski, Helikon), avec en tête l’insolente santé vocale et l’intelligence musicale d’Olga Guryakova en Natacha. A ses côtés, Larisa Kostyuk (Sonia) fait également excellente figure. C’est avec plaisir que l’on retrouve l’autorité de Felicity Palmer (Akhrossimova), alors qu’Elena Zaremba (Hélène) manque trop souvent de précision. Du côté des hommes, Vsevolod Grivnov (Anatole Kouraguine) séduit par un lyrisme généreux, mais beaucoup d’autres méritent également d’être mentionnés, que ce soit le solide Napoléon de Vassili Gerello, l’impressionnant Leonid Zimnenko (Rostov, puis Bennigsen) ou même le Métivier charmeur d’Andrei Baturkin et le cinglant Prince Nikolai de Gleb Nikolsky, Vladimir Ognovenko (Koutouzov) et Nikolai Gassiev (Platon Karataïev) paraissant malheureusement plus problématiques.



Simon Corley

 

 

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