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En finesse ou en force Paris Théâtre Mogador 03/09/2005 - et 10* mars 2005 Ludwig van Beethoven : Concerto pour violon, opus 61
Robert Schumann : Symphonie n° 4, opus 120
Renaud Capuçon (violon)
Orchestre de Paris, Roberto Abbado (direction)
Durant cette saison, l’Orchestre de Paris présente une intégrale des symphonies de Beethoven, mais il propose également son Concerto pour violon (1806). Comme à son habitude, Renaud Capuçon va bien au delà des simples exigences virtuoses, sans pour autant les négliger, comme en témoignent des aigus irréprochables ainsi que des cadences aussi fougueuses que maîtrisées. Car ce qui ressort bien davantage d’une telle interprétation, c’est l’intelligence et l’élégance, qui conviennent si bien à l’une des partitions les plus lumineuses et équilibrées de Beethoven: faisant toujours chanter la partie soliste, il lui confère une délicatesse et une tendresse constantes, comme si, sans que la sonorité devienne pour autant une fin en soi, son archet effleurait à peine la corde.
Sous l’œil de son frère Gautier, le violoniste français, autrefois konzertmeister de l’Orchestre des jeunes Gustav Mahler, où il avait été choisi par Claudio Abbado, faisait ici équipe avec son neveu, Roberto, déjà apparu à Paris en décembre pour remplacer in extremis Mikko Franck (voir ici). On pourra difficilement affirmer que l’entente a été évidente, tant l’orchestre, mû par une battue conflictuelle et dramatique, voire trop appuyée, contraste – malgré un effectif restreint (quarante deux cordes) – par une solidité et une densité certes remarquables dans l’absolu, mais qui auraient sans doute été davantage en situation pour accompagner une conception très différente de celle de Capuçon. Celui ci offre l’un de ses bis favoris, une adaptation de la Danse des esprits bienheureux extraite de Orphée et Eurydice (1762) de Gluck, qui met en valeur son étonnante pureté de style et de timbre.
En seconde partie de ce bref programme (à peine soixante quinze minutes), dans la Quatrième symphonie (1841/1851) de Schumann, Roberto Abbado semble conférer au discours une animation plus imposée que répondant véritablement à une nécessité intérieure. Nerveuse et carrée, plus rhétorique que naturelle, plus pédagogique que romantique, sa lecture oscille trop souvent entre le grandiloquent, le massif, le tonitruant et l’imposant, nonobstant des tempi globalement enlevés, mais par trop fluctuants, lestés par des ralentis fortement accentués. Il faut cependant reconnaître à cette approche une indéniable cohérence et un souci constant d’éclaircir un tissu orchestral réputé pour son opacité: le chef italien sait manifestement ce qu’il veut et il sait l’obtenir de cet instrument merveilleusement flexible qu’est l’Orchestre de Paris.
Simon Corley
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