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L’Atelier sur scène Paris Palais Garnier 02/27/2005 - Concert de présentation de l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Paris Yun-Jung Choi, Natacha Constantin, Hye-Youn Lee, Marie-Bénédicte Souquet (sopranos)
Diana Axentii, Letitia Singleton (mezzo-sopranos)
Jason S. Bridges, Xavier Mas (ténors)
David Bizic, Ivan Geissler, Bartlomiej Misiuda (barytons)
Orchestre des Lauréats du Conservatoire National, Patrick Davin (direction)
Exit le Centre de formation lyrique, voici « l’Atelier lyrique », créé par le nouveau directeur de l’Opéra de Paris, Gérard Mortier, et confié à Christian Schirm. Un changement dans une certaine continuité cependant car ce dernier travaillait dans la maison depuis 1995, en charge de la dramaturgie. L’ambition de cette structure d’insertion professionnelle est plus affirmée : on passe du modeste amphithéâtre de Bastille à, dès le concert inaugural, la scène du Palais Garnier ! Nullement impressionnés par le lieu, les chanteurs réussissent plutôt brillamment cet examen de passage réunissant des airs d’opéras de Mozart.
La soprano coréenne Yun-Jung Choi l’emporte sans conteste à l’applaudimètre avec un air de Donna Anna (‘Non mi dir’) de Don Giovanni, la voix est superbe sur tout le registre, le timbre charnu, l’articulation aisée, un régal ! Sa compatriote Hye-Youn Lee, qui vient de L’Atelier du Rhin, remporte également tous les suffrages avec l’air de Suzanne des Noces. Très belle prestation également de la française Marie-Bénédicte Souquet, qui vient du Conservatoire National Supérieur de Paris et que nous avions pu entendre (lire ici), déjà en Reine de la nuit. La moldave Diana Axentii, qui vient du Conservatoire National Supérieur de Lyon, déploie également un très beau timbre et une grande agilité dans l’air de Dorabella (‘Smanie implacabili’) de Cosi. Le ténor français Xavier Mas, que nous avions déjà remarqué (lire ici), emporte l’adhésion par sa voix de velours et son aisance vocale. Le baryton israélien David Bizic s’impose également par la beauté de son timbre, sa projection, et son jeu théâtral. Cette même dernière qualité se retrouve également chez le baryton polonais Bartlomiej Misiuda, excellent dans l’air de Papageno de la Flûte, ‘Ein Mädchen oder ein Weibchen’. En retrait sur ces chanteurs, on notera la voix sans personnalité du ténor américain Jason S. Bridges, le manque de puissance et d’articulation de la mezzo américaine étudiant au CNR de Saint-Maur-des-Fossés Letitia Singleton, le manque d’assurance du ténor français Ivan Geissler et les problèmes de justesse de la mauricienne venant du CNR de Toulouse Natacha Constantin. Pas de jugement intempestif cependant, il faudra, tous, les réentendre, ils ne sont qu’au début de deux années d’étude ! L’Isola disabitata de Haydn à Suresnes en avril, des airs d'opéras à Bastille en mai et un spectacle comprenant deux fois le deuxième acte de Cosi aux Amandiers en juin permettront de les retrouver.
On notera que sur les onze chanteurs retenus dans l’Atelier lyrique, trois seulement sont français mais huit viennent de structures françaises (des conservatoires ou des centres de formation comme l’Atelier du Rhin ou le CFL, le prédécesseur de l’Atelier), ce qui aurait tendance à démontrer le bon niveau de formation musicale dispensée en France, mais aussi peut être un manque de combativité des français ! Quoi qu’il en soit, lorsque l’on assiste, tous les ans, à l’opéra monté par les étudiants en fin d’étude du Conservatoire National Supérieur de Paris (le CNSM), comme le récent et excellent Orphée aux enfers (lire ici), on ne manque pas de s’étonner de ne pas en voir plus dans la structure de formation de l’Opéra de Paris (un seul ici !), qui serait pour eux le prolongement idéal de leur formation.
Philippe Herlin
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