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Paris
Opéra Bastille
02/17/2005 -  et 21, 24, 27 février, 2, 5, 8, 10 mars 2005
Giuseppe Verdi : Otello
Vladimir Galouzine (Otello), Soile Osokoski (Desdemone), Carlos Alvarez (Iago), Gordon Gietz (Cassio), Sergio Bertocchi (Roderigo), Ekaterina Gubanova (Emilia)
Orchestre et Choeurs de l’Opéra National de Paris, Maîtrise des Hauts-de-Seine, Chœur d’enfants de l’Opéra de Paris, Valery Gergiev (direction musicale)
Andrei Serban (mise en scène)



Il semblerait que ce soit à l’aune des toux que l’on mesure l’attention du public lors d’une représentation quelconque. Le silence quasi ininterrompu qui régnait à la Bastille hier soir pour la reprise d’Otello était donc révélateur. Dès le lever du rideau, dès les premières notes de l’orchestre, on était happé par un spectacle dont l’intensité n’allait jamais abandonner le crescendo. Cela à tous les niveaux. On adhère d’abord totalement au travail sobre et intelligent d’Andrei Serban. Le metteur en scène sait que le drame de Shakespeare se suffit à lui-même et qu’il serait iconoclaste d’y ajouter de faciles références politiques, philosophiques ou psychanalytiques, comme c’est souvent le cas aujourd’hui. Tout juste suggère t-il par un crâne que Iago serait un Hamlet qui aurait mal tourné. Hormis cela, il s’en tient au texte et cela suffit. Choristes et solistes évoluent avec naturel dans les décors magnifiques de Peter Pabst, alternant références picturales orientalistes et minimalisme. L’œil n’est jamais heurté, il est constamment accompagné dans sa compréhension. Les lumières inventives de Joël Hourbeigt et les costumes dignes d’un défilé de haute couture de Graciela Galan parachèvent cette réelle beauté visuelle. Avec cohérence.


L’oreille n’est pas en reste. Littéralement apprivoisé, hypnotisé par la direction de Valery Gergiev (dont c’était les débuts à l’Opéra de Paris), l’orchestre déploie sous les chanteurs un tapis étincelant. D’une tension extrême qui nous attache irrémédiablement au drame en marche, l’interprétation du chef russe n’est qu’inspiration, nuances, couleurs. En véritable homme de théâtre il parvient à ne jamais couvrir les voix, mais à les soutenir, à pallier leurs faiblesses, à les sublimer, sans que nous échappe le moindre détail de la partition. Un admirable travail d’orfèvre. Ainsi accompagné les chanteurs peuvent donner le meilleur d’eux même. Soile Isokoski en tête. La soprano finlandaise est une Desdemone de rêve. Si la voix manque un peu de puissance, si le medium est parfois un peu blanc, on se délecte de ce timbre lumineux et de cette fragilité qui siéent parfaitement à la pureté candide du personnage. En face d’elle le maure de Vladimir Gazouline a fier allure même si ce sont surtout les blessures que l’on voit et entend dans la lecture qu’il donne du personnage. Dénué de toute arrogance, son Otello n’est qu’un animal traqué par ses démons, et les disgrâces passagères du timbre contribuent à accentuer cet aspect écorché de l’incarnation. Le couple est donc parfaitement assorti, autant sur le plan vocal que scénique. Contre eux, Carlos Alvarez n’est que morgue et sarcasme. Sa voix sombre et tranchante en fait un Iago particulièrement inquiétant. Et pourtant, la jeunesse, le physique vaillant du chanteur lui insuffle une autre dimension. On le trouverait presque humain de considérer qu’avec tant d’atouts, la place qu’il mérite est celle d’Otello. L’Emilia d’Ekaterina Gubanova affirme un beau mezzo mais on regrette le Cassio un peu falot de Gordon Gietz. Cela ne suffira cependant pas à modérer l’enthousiasme que déclenche cette production où un ensemble de talent se conjuguent pour nous offrir du grand Verdi.




Katia Choquer

 

 

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