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Alagna, prince du Danemark Copenhagen Opéra 01/26/2005 - et les 29*, 31 janvier, 2, 14, 17, 19, 22, 26 février, 1er, 6, 9, 19, 22 mars, 5, 7, 22, 25, 30 avril, 3, 17 et 23 mai 2005 Giuseppe Verdi: Aïda
Gitta-Maria Sjöberg*/Iréne Theorin (Aïda), Stephen Milling*/Sten Byriel/Carsten Stabell (le Roi), Randi Stene/Anette Bod*/Susanne Resmark (Amneris), Roberto Alagna*/Jon Ketilsson/David Rendall (Radamès), Christian Christiansen/Anders Jakobsson* (Ramfis), Kjeld Christoffersen/Per Hoyer/John Lundgren* (Amonasro), Niels Jorgen Riis*/David Danholt/Ernst Dalsgaro (un messager), Inger Dam-Jensen*/Janne Berglund/Anna Rydberg (une prêtresse)
Orchestre et Chœur de l’Opéra Royal, Manfred Honeck*/Giordano Bellincampi (direction)
Mikael Melbye (mise en scène)
Après avoir partagé, pendant plus d’un siècle, la scène du vieux Théâtre Royal avec le Ballet national et diverses troupes de théâtre, l'Opéra Royal du Danemark vient d'inaugurer un bâtiment flambant neuf qui lui est entièrement destiné. Une réalisation qui a vu le jour dans un quartier sinistré de Copenhague, à l’emplacement d’anciens docks, après six ans de travaux et bien des polémiques. Ce nouvel opéra, d’un coût de 336 millions d’euros, a été entièrement financé par l’homme le plus riche du Danemark, qui ne s’est pas privé d’en superviser étroitement toute la construction, au grand dam de l’architecte, qui a failli abandonner le chantier. Doté d’une grande salle de 1500 places et d’un petit auditorium pouvant accueillir 200 personnes, l'édifice ressemble en bien des points au Centre de la culture et des congrès de Jean Nouvel à Lucerne, avec notamment un toit plat qui s’avance au-dessus de l’eau.
Le concert inaugural, auquel a assisté la famille royale danoise au grand complet, a été suivi d’une nouvelle production d’Aïda qui valait essentiellement le déplacement pour les débuts de Roberto Alagna dans le rôle de Radamès. Disons-le d’emblée, le ténor a superbement gagné son pari. Attaquant le célèbre Celeste Aïda avec beaucoup d'assurance et de détermination, il a terminé l'air sur un pianissimo qui a fait frissonner toute la salle. Comme à son habitude, le chanteur a fait montre d’aigus insolents et d’une diction exemplaire. Certes, la voix s’est assombrie, des rôles plus lourds sont en préparation, mais elle n’a rien perdu de sa souplesse et de sa beauté intrinsèque. Qu’importe alors qu’Alagna se soit contenté pendant toute la soirée de simplement lever les bras, figé la plupart du temps sur le devant de la scène. Comme il a chaleureusement remercié le souffleur au terme du spectacle, on peut imaginer qu’il est arrivé à la dernière minute et n’a pas eu beaucoup de temps pour répéter. Globalement, seule la fin de l’acte du Nil, après un duo pourtant particulièrement réussi avec Aïda, l’a mis visiblement en difficulté car il a été presque entièrement couvert par les décibels de l’orchestre. Gageons qu’avec un chef autrement plus attentif, pareille mésaventure ne se serait pas produite. Au rideau final, la salle a réservé un accueil triomphal à la vedette de la soirée: ovation debout et salves de bravos. Qui a dit que les Scandinaves était un public froid?
Même si elle n’est pas à la hauteur du ténor, le reste de la distribution offre néanmoins de bonnes surprises, à commencer par l’Amonasro de John Lundgren, à la voix percutante et au legato envoûtant. Bien que fâchée avec les aigus et manquant cruellement de personnalité, l'Aïda de Gitta-Maria Sjöberg distille un chant tout en nuances et en finesse. L'Amneris d’Anette Bod séduit quant à elle par son grave sonore et chaud, même si ses moyens vocaux sont limités. La production est des plus classiques, très premier degré, représentant une Egypte ancienne de carte postale. La mise en scène n’est en fin de compte qu’un réglage d’entrées et de sorties, mais personne ne s’en plaint, le public étant manifestement heureux d'avoir découvert un Radamès qui comptera très certainement parmi les grands rôles de Roberto Alagna.
Le site de l'Opéra Claudio Poloni
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