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Superbe Couronnement !

Paris
Palais Garnier
01/26/2005 -  et 30* janvier, 2, 6, 8, 11, 14, 17, 20, 22 février 2005
Claudio Monteverdi : L'Incoronazione di Poppea
Anna Caterina Antonacci (Poppea), Jacek Laszczkowski (Nerone), Monica Bacelli (Ottavia), Christophe Dumaux (Ottone), Miah Persson (Drusilla, La Fortuna), Dominique Visse (Arnalta, Nutrice), Robert Lloyd (Seneca), Valérie Gabail (Amore), Lucia Cirillo (La Virtu, Venere)
Freiburger Barockorchester, Monteverdi Continuo Ensemble, Ivor Bolton (direction)
David Alden (mise en scène)


Sur la foi d'un coup d'œil sur la presse, on allait avec quelques réticences assister à cette deuxième représentation du Couronnement de Poppée, la dénonciation d'une provoc facile à coup de travelos sur scène tenant lieu d'avis général. Faisons une petite mise au point. L'ambiguïté sexuelle est au cœur de l'opéra baroque et du Couronnement, les vieilles femmes sont jouées par des hommes (Dominique Visse dans Arnalta et la nourrice d'Ottavia), les jeunes hommes par des femmes, sans que cela soit d'ailleurs systématique : Nerone est joué par un contre-ténor, Jacek Laszczkowski, alors que récemment au Théâtre des Champs-Elysées c'est Anna Caterina Antonacci qui tenait ce rôle (lire ici), et qui cette fois incarne Poppea ! Le Chérubin des Noces ou l'Octavian du Chevalier ne sont qu'un souvenir très ponctuel de ce "jeu". Cette ambiguïté avait été perdue lorsque l'on donnait ces œuvres avec les mêmes moyens que les autres opéras (la dernière production du Couronnement de Poppée à l'Opéra de Paris réunissait, en 1978, Jon Vickers, Gwyneth Jones, Christa Ludwig, Nicolai Ghiaurov sous la direction de Raymond Leppard... une autre époque !). Les "baroqueux", en revenant au texte, ont retrouvé cette indécision du genre, ce "flou artistique", cette vocalité pleine de surprises. En utilisant quelques talons compensés, des paillettes, des attitudes "transgenres" pour utiliser un terme moderne, le metteur en scène américain David Alden ne fait que rajouter un niveau à cette ambiguïté, toujours avec humour et à-propos. Cela a ulcéré la presse qui n'a préféré y voir qu'une provocation éventée ; autant en rire. On avoue ne pas comprendre pourquoi la critique parisienne semble, comme pour la Flûte de Bastille d'ailleurs, s'être passé le mot pour descendre cette production (les mêmes formules reviennent parfois d’un papier à l’autre...). Un phénomène de foule bien loin de tout esprit critique, justement. Le public, lui, pour cette deuxième représentation, fait un triomphe à cette production, il a bien raison.


Les chanteurs-acteurs sont en effet tous formidables, à commencer par la Poppée au timbre charnu et au charme fatal d'Anna Caterina Antonacci, qui fut révélée au public parisien dans Les Troyens du Châtelet. Un peu courte dans son "Addio Roma", Monica Bacelli campe néanmoins une Ottavia très convaincante. Miah Persson (Drusilla, La Fortuna) impressionne toujours par l'élégance et l'aisance de son chant, tandis que Valérie Gabail, en Amour, confirme un talent que l'on aimerait voir se déployer dans des rôles plus importants. Du côté des hommes, Jacek Laszczkowski campe un Nerone parfait, d'une grande richesse d'expression vocale, Dominique Visse donne aux deux nourrices une insurpassable truculence, la basse Robert Lloyd confère une ampleur rare au philosophe Sénèque et, très belle surprise de la soirée avec le superbe Ottone du jeune (né en 1979) haute-contre français Christophe Dumaux. Ivor Bolton dirige d'excellents solistes avec une sensualité communicative (loin d'un pète-sec comme René Jacobs) et conduit tout ce beau monde à un Couronnement de Poppée qui restera dans les mémoires. Bravo !





Philippe Herlin

 

 

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