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Mouvement Paris Théâtre Mogador 01/22/2005 - Felix Mendelssohn : Quatuor n° 3, opus 44 n° 1 (*) – Quintette n° 2, opus 87
Edith Canat de Chizy : Trio à cordes n° 3 «Moving» (#)
Fabien Boudot (* #), Elsa Benabdallah-Mancel (#) (violon), Florent Brémond (*), David Gaillard (#) (alto), Aurélien Sabouret (violoncelle)
Du duo à l’octuor, l’importante production de Mendelssohn, qui couvre la totalité de son activité créatrice, depuis ses premiers essais de jeunesse jusqu’à son ultime quatuor, confirme ce qu’il écrivait dès 1825, dans sa dix-septième année: «[mon] instrument [le piano] ne [m]’attire pas» mais «les sonates pour violon, alto, les quatuors, etc. [m]’intéressent davantage». Et, même si la suite du cycle consacré à sa musique de chambre faisait la part belle aux cordes, le compositeur n’en proclamait pas moins, dans une lettre adressée à Ferdinand Hiller en 1838, une ambition comparable à celle qui l’incita à promouvoir l’œuvre de Bach, à savoir rendre ses lettres de noblesse à un genre dont il jugeait que son époque l’avait trop négligé: «Les choses pour piano ne sont pas sans doute ce que j’écris avec le plus de plaisir, ni avec beaucoup de bonheur, mais une autre branche de la musique pour piano est à mes yeux très importante, et très chère en même temps; les trios, les quatuors, et autres pièces avec accompagnement, c’est à dire la vraie musique de chambre, qui est complètement oubliée aujourd’hui, et j’ai vraiment ressenti le besoin de faire quelque chose de neuf dans ce domaine.»
Aussi bien le Troisième quatuor (1838) que le Second quintette (1845), interprétés par de jeunes musiciens issus des rangs de l’Orchestre de Paris, traduisent, dans leurs mouvements extrêmes, cette influence de la tradition – plus tournée vers Mozart ou Schubert que vers Haydn ou Beethoven – conjuguée, dans les mouvements centraux, à un ton plus intimiste, en demi-teintes, annonçant parfois même Brahms: avec Mendelssohn, le romantisme est toujours tempéré par le classicisme, à moins que ce ne soit un classicisme coloré de romantisme. Cela étant, c’est dans le quintette, pourtant plus tardif, que l’on retrouve un élan juvénile proche du climat de l’Octuor, dont il partage le caractère quasi concertant, mettant en valeur le remarquable violon de Fabien Boudot. Le quatuor, plus pondéré, avoue en revanche de façon plus explicite une parenté avec les modèles anciens (menuet en deuxième position, appartenance à un recueil de trois quatuors).
Si les autres concerts de la série associent Mendelssohn à ses prédécesseurs (Haydn, Mozart, Beethoven) ou à ses contemporains (Schumann, Field, Hummel), celui-ci faisait exception, intercalant entre le quatuor et le quintette le Troisième trio à cordes «Moving» (2001) d’Edith Canat de Chizy. Son sous-titre suggère d’ailleurs un rapprochement avec cette mobilité aérienne qui est souvent la marque de Mendelssohn: de fait, les trois instruments exécutent, ensemble ou séparément, des arabesques ou traits très vifs ou offrent des sonorités impalpables. Mais cette page à caractère rhapsodique d’une douzaine de minutes, d’une écriture très maîtrisée et d’un riche contenu, réserve également des passages lyriques et expressifs, tout particulièrement dévolus au violoncelle d’Aurélien Sabouret.
Simon Corley
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