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Concert du Nouvel An… à Paris

Paris
Opéra Bastille
01/01/2005 -  
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 9, opus 125

Anne Schwanewilms (soprano), Hannah Esther Minutillo (mezzo), Paul Groves (ténor), Jan-Hendrik Rootering (basse)
Chœurs de l’Opéra national de Paris, Peter Burian (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Christoph von Dohnanyi (direction)


Pari gagné pour Gérard Mortier, le directeur de l’Opéra national de Paris, qui a opté pour une programmation doublement décalée: d’une part un concert symphonique le jour du Nouvel An, que seul un Jérôme Savary avait jusqu’alors tenté de sortir de sa torpeur post-réveillon; d’autre part, en cette période d’ordinaire réservée à des notes en forme de bulles de champagne (Offenbach, la famille Strauss, Yvain, ...), le choix de la Neuvième symphonie (1824) de Beethoven, souvent associée à une certaine solennité, ne serait-ce que dans l’univers musical (ouverture du Festival de Bayreuth, clôture du Printemps de Prague, ...). Mais cette œuvre hors normes, unique par sa portée philosophique et par son histoire politique, à la fois hymne européen et bénéficiant d’un classement par l’UNESCO au «patrimoine mondial de l’humanité», n’était nullement déplacée pour inaugurer l’année 2005 sous le signe de l’utopie évoquée par Mortier dans sa brève allocution introductive.


Pari gagné non seulement parce que le public a massivement répondu présent, mais parce que la prestigieuse affiche réunie pour l’occasion a globalement tenu ses promesses. Sans aller jusqu’à prétendre que l’événement était à Paris, force est de constater qu’il aura, dans un registre certes très différent, soutenu sans peine la comparaison avec le fort décevant Neujahrskonzert viennois diffusé quelques heures plus tôt par les radios et télévisions du monde entier.


Jouée le même jour à l’église de la Madeleine par Paul Kuentz, annoncée deux fois d’ici la fin du mois dans la capitale (le 27 à la Cité de la musique par l’Orchestre royal philharmonique de Stockholm, puis le 30 au Théâtre des Champs-Elysées par l’Orchestre Lamoureux, respectivement sous la baguette d’E. Ericson et de Y. Sado), cette Neuvième avait déjà inauguré, plus tôt dans la saison, le cycle Beethoven de l’Orchestre de Paris, sous la direction musclée de Christoph Eschenbach (voir ici).


C’est un autre Christoph – von Dohnanyi, qui lui a d’ailleurs succédé comme chef d’orchestre permanent de l’Orchestre de la Radio (NDR) de Hambourg – qui apparaissait ici en «guest star» de luxe, subjuguant manifestement un non moins luxueux Orchestre de l’Opéra national de Paris: s’il a rassemblé un effectif aussi nombreux (soixante cordes et, surtout, des bois doublés), c’est cependant avec une vision bien différente de celle de son compatriote. En effet, Dohnanyi, d’une probité, d’une maîtrise et d’une rigueur toujours aussi inattaquables, opte pour une approche assez inhabituelle, n’hésitant pas à souligner, avec un grand souci du détail et de l’équilibre entre les pupitres (notamment grâce à des seconds violons bien mis en valeur par leur position au devant de la scène, à l’opposé des premiers violons), les aspects intimistes d’une partition dont les proportions gigantesques, le sens épique, le caractère novateur ou le message spirituel sont généralement privilégiés.


Cela étant, il n’en livre pas moins un Allegro ma non troppo un poco maestoso solidement charpenté, mais affecté par un manque de tension résultant peut-être d’un tempo relativement retenu, alors que le Molto vivace frappe au contraire par son élan. Sans alanguissement et avec une simplicité sereine, l’Adagio molto e cantabile évolue de façon très allante, dans un climat nocturne, parfois même plus chambriste que symphonique. Dans le mouvement final, Dohnanyi, avec modestie, conduit davantage une célébration de plein air, tour à tour laïque et liturgique, qu’une grande démonstration métaphysique. Les chœurs de l’Opéra national de Paris y vont... de bon cœur, alors que les solistes tirent inégalement leur épingle du jeu, depuis l’abattage de Paul Groves jusqu’aux chevrotements de Jan-Hendrik Rootering, en passant par la puissance d’Anne Schwanewilms, qui tend à étouffer Hannah Esther Minutillo.



Simon Corley

 

 

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