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Autour de Jolivet

Paris
Salle Cortot
11/27/2004 -  
André Jolivet : Pastorales de Noël – Suite liturgique
Maurice Emmanuel : Odelettes anacréontiques, opus 13
Madeleine Dring : Trio pour flûte, hautbois et piano


Nadia Jauneau-Cury (soprano), Bernard Chapron (flûte), Michel Giboureau (hautbois), Livia Stanese (violoncelle), Elsie Bedleem (harpe), Jacques Moreau (piano)


A l’instar de leurs collègues de la plupart des formations de la capitale, les solistes de l’Ensemble orchestral de Paris donneront, tout au long de la saison, dix concerts de musique de chambre dans le cadre toujours apprécié de la Salle Cortot et dans le souci de présenter des programmes sortant des sentiers battus. C’est ainsi un hommage à André Jolivet qui était proposé, peu avant une année 2005 qui marquera le centenaire de sa naissance.


Les quatre Pastorales de Noël (1943), qui se justifient tout particulièrement en ce début du temps de l’Avent, sont destinées à une flûte (ou un violon), un basson (ou un alto, ou un violoncelle) et une harpe, la formation flûte/violoncelle/harpe ayant été retenue ici. Dans ces quatre courtes pièces, le compositeur de Mana et des Danses rituelles abandonne son goût pour les rythmes sauvages ainsi que les harmonies poivrées et se fait connaître sous un jour relativement inhabituel, délivrant un flux mélodique souple et continu, hérité de Debussy ou Ravel, un peu dans la veine «néo-impressionniste» qu’allait cultiver Martinu.


On se réjouit de voir un autre grand oublié, Maurice Emmanuel, associé à cet hommage, d’autant que ses trois Odelettes anacréontiques (1911), joliment dites et prudemment chantées par Nadia Jauneau-Cury, se situent dans une esthétique assez proche, la troisième sur un rythme de valse assez piquant: même si les poèmes remontent à la Renaissance (Rémy Belleau et Ronsard), «tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté».


Musicienne (violoniste, pianiste et chanteuse) mais aussi actrice, et bien que britannique, Madeleine Dring (1923-1977) ne déparait nullement dans ce tableau d’esprit français, tant son Trio pour flûte, hautbois et piano (1968) rappelle Poulenc, quoique aussi, à un moindre degré, Vaughan Williams, qui fut l’un de ses maîtres. En trois courts mouvements de onze minutes, classiquement alternés vif/lent/vif, elle dispense une fraîcheur sans nuages ni prétention, dans une partition sans doute conçue pour son mari, Roger Lord, hautbois solo de l’Orchestre symphonique de Londres.


Retour à Jolivet, avec une autre œuvre d’inspiration chrétienne, qui permettait en même temps de saluer l’homme de théâtre, directeur de la musique à la Comédie française de 1945 à 1959: la Suite liturgique (1942) est en effet tirée d’une musique de scène pour Le Mystère de la Visitation d’Henri Ghéon. Ses huit parties – cinq chantées (soprano ou ténor, en l’espèce à nouveau Nadia Jauneau-Cury), trois instrumentales (hautbois/cor anglais, violoncelle et harpe) – suggèrent des atmosphères très contrastées: Prélude à l’orientalisme un peu attendu, Salve Regina simplement accompagné par le violoncelle, Alléluia où l’on retrouve le compositeur des Incantations, Magnificat en forme de choral, qui pourrait évoquer l’une des Bachianas brasileiras de Villa-Lobos, Musette archaïsante, bref Benedictus, Interlude d’un exotisme plus proche des Escales d’Ibert que du primitivisme des Mana et Final reprenant les alléluias.


Le site de l’Association «Les amis d’André Jolivet»



Simon Corley

 

 

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