Back
Franc jeu Paris Théâtre du Châtelet 10/22/2004 - Franz Schubert : Quatuors n° 12 «Quartettsatz», D. 703, et 15, D. 887
Quatuor de Leipzig: Andreas Seidel, Tilman Büning (violon), Ivo Bauer (alto), Matthias Moosdorf (violoncelle)
Durant toute la semaine, le Quatuor de Leipzig s’est produit au Châtelet, dans le cadre des «Moments musicaux», particulièrement bien nommés en l’espèce, puisqu’il y aura donné neuf quatuors de Schubert. Les «Moments musicaux» ont succédé cette saison aux «Midis musicaux»: si le principe en reste comparable (douze semaines thématiques de concerts confiées à un artiste ou à un ensemble), ces manifestations ne se déroulent désormais plus exclusivement à 12 heures 45, ni exclusivement au Foyer, où le public se trouve de plain-pied avec les interprètes et les entoure presque entièrement, mais également dans la grande salle ou même d’autres lieux du théâtre, et associent, autour d’une année et d’une ville, des plasticiens et musiciens d’origines diverses.
Au Foyer à l’heure du déjeuner, le dernier des quatre programmes de cette semaine sous-titrée «Vienne 1820» débutait par le Douzième quatuor (1820), cet unique Allegro assai datant de la période où Schubert laissa mainte oeuvre inachevée. Observant la reprise, la formation allemande ne se concède que peu de libertés et, sans accentuer le caractère romantique du climat, privilégie une approche objective et de bon ton, favorisée par une sonorité claire et des attaques précises.
Dans un Quinzième quatuor (1826) sage et équilibré, pas plus brucknérien que le Douzième n’avait été beethovénien, le Quatuor de Leipzig, qui fait fi de la reprise de l’Allegro molto moderato initial et opte pour des tempi vifs, n’exalte pas la dimension monumentale de la partition. Le violoncelle souligne au contraire avec simplicité les atmosphères intimistes (Andante un poco mosso ou Trio du Scherzo), même si les moments dramatiques sont parfaitement assumés (second thème de l’Andante un poco mosso). Une manière qui, sans être dépourvue d’énergie, semble manquer d’élan vital, mais ne triche jamais. Ce franc jeu offre un résultat stylistiquement inattaquable, impeccablement mis en place et instrumentalement satisfaisant, avec un soin particulier accordé à la transparence dans les nuances piano.
Simon Corley
|