About us / Contact

The Classical Music Network

New York

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Le miracle villazonien!

New York
Met Museum
10/11/2004 -  
Mélodies de Fauré, Massenet, Liszt, Tosti…
Rolando Villazon (ténor), Bryndon Hassman (piano)

Pour son premier récital à New York, Rolando Villazon a choisi d’interpréter un répertoire non pas lyrique, qui lui sert de passeport un peu partout, mais mélodique dans lequel il trouve des accents magnifiques et où il se montre particulièrement à l’aise. Ce ne sera donc ni du Puccini, ni du Verdi mais du Fauré, du Tosti et même du Haendel.



Rolando Villazon débute son concert par deux airs baroques, sorte de mise en voix. A la lecture du programme on est un peu surpris de lire que le ténor, superbe Hoffmann londonien et Alfredo mondialement reconnu, se lance dans le monde baroque mais il s’en sort admirablement malgré une acoustique un peu sèche qu’il parvient ensuite à contourner. L’air de Bononcini est magnifique avec des reprises en mezza-voce sur “per la gloria”, etc… ou bien les fins pianissimi sur “v’amero”. Le musicien est très sensible aux petits détails stylistiques mais il sait également, par des legato superbes et d’une élégance confondante, prouver qu’un air est un tout et doit être pris dans son ensemble. Le célèbrissime “Ombra mai fu” est superbement chanté mais on sent le chanteur un peu à l’étroit dans cette tessiture, ces quelques réserves ne devant pas entacher un magnifique moment de beau chant.
Parti deux minutes en coulisse, c’est un nouveau Rolando Villazon qui fait son entrée dans le temple de Dendur, le vrai Rolando Villazon, celui que nous admirons tant: l’artiste engagé, dynamique, énergique et passionné. Il chante trois Lieder de Liszt avec une expressivité rare et le premier “Pace non trovo” laisse le public sous le charme et médusé tellement l’interprétation du chanteur est prenante et saisissante: un grand moment! On sent l’histoire se figer sans sa gorge et l’émotion l’étreindre jusque dans sa respiration qu’il utilise comme moyen expressif.
Richard Strauss convient très bien aussi à la belle voix de Rolando Villazon et il apporte beaucoup de douceur aux différents “Habe Dank” de Zueignung. Il se fond dans le style du compositeur avec de superbes legatos dans Allerseelen et surtout une grande émotion sur les dernières phrases avant “wir einst im Mai”.


Changement d’ambiance après l’entracte puisque Rolando Villazon rend hommage à son pays avec trois airs célèbres, Estrellita de Manuel M Ponce, Intima de Tata Nacho et surtout Te Quiero dijiste de Maria Graver, le plus beau passage du concert. A quand un disque essentiellement consacré à ce type de chansons… L’artiste met tout son coeur et toute son âme dans l’interprétation de ces airs notamment sur les “ti me quiere un poco” de Estrellita, qui ferait pleurer des pierres. Il utilise également des ports de voix particulièrement expressifs. Le Te quiero est merveilleux: quelles superbes couleurs sur la descente toute en douceur de “de blanco marfil”! Les ralentissements avant de reprendre sur “y luego el chasquido” sont tellement intenses. Le “Te quiero muchu, mucho” avec des accents sur les “m” sont magnifiques… Mais Rolando Villazon réserve une dernière surprise avec le “morir” final qu’il chante sur un fil de voix et avec un superbe pianissimo final. Du très grand art!
Rolando Villazon aborde ensuite la mélodie française avec Fauré et Massenet et, si on fat abstraction du fait qu’Après un rêve prend des allures d’air d’opéra, l’interprétation, sans parler d’une diction exemplaire, est passionnante tant il est engagé: de si baux legato sur “ardent rivage”. Peu à peu la tension monte et c’est alors tout naturel que sa voix explose sur “je t’appelle”.
Le chanteur, en pleine forme, réserve trois bis, tout d’abord le fameux lamento de Federico de L’Arlesiana qu’il interprète avec toujours autant de douleur notamment dans le début de “anch’io vorrei”. Puis retour à la musique espagnole avec un “No puede ser” qui pétrifie tant il est intense. Enfin un petit détour par le vérisme avec le charmant “amor ti vieta”, qu’il distille note par note.


Rolando Villazon trouve un allié sûr et musical en la personne de Bryndon Hassmann car ce dernier pose un tapis de velours pour que le chanteur puisse se trouver entièrement à l’aise et en confiance. Mais il ne faut pas passer sous silence l’ambiance étrange et mélancolique qu’il apporte au Lied Pace non trovo de Liszt qui compte de nombreux passages instrumentaux. Et les notes piquées à la fin de Te Quiero contribuent à rendre l’interprétation de Rolando Villazon encore plus touchante.



Si on a pendant un temps comparé Rolando Villazon à Placido Domingo, ce temps semble maintenant révolu car le chanteur mexicain a acquis une véritable identité vocale qui rend sa voix et son interprétation reconnaissables aux premières notes. Si ses prestations antérieures laissaient un peu songeur sur sa capacité (Hoffmann mis à part) à nuancer et à colorer son chant, ces réserves ne sont également plus de rigueur aujourd’hui et c’est un artiste complet qui s’est présenté ce soir au temple de Dendur.




A noter:
- Que les français se rassurent, Rolando Villazon sera au Théâtre des Champs-Elysées le 30 mars prochain pour un concert lyrique (Manon, Tosca…) tandis que sortira au même moment son nouveau disque consacré au répertoire français méconnu (Gounod, Massenet…)


Manon Ardouin

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com