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En forme

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
09/28/2004 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Idoménée (musique de ballet), K. 367 – Concerto pour hautbois, K. 271k [314]
Igor Stravinski : Concerto en ré
Joseph Haydn : Concerto pour flûte et hautbois, Hob. VIIh.4 – Symphonie n° 94 «La Surprise»

Ayako Takagi (flûte), François Leleux (hautbois)
Ensemble orchestral de Paris, John Nelson (direction)


Si l’on en juge par son concert de rentrée, il va falloir compter cette année avec l’Ensemble orchestral de Paris (EOP). En effet, après avoir fêté ses vingt-cinq ans au cours de la précédente saison, la formation a démontré une excellente santé dans une sorte de synthèse du répertoire qu’elle défendra, d’ici juin 2005, au fil de ses sept premières prestations au Théâtre des Champs-Elysées – Haydn (cinq symphonies), Mozart (deux concertos pour piano) et Stravinski (Pulcinella, L’Oiseau de feu, les Danses concertantes, Le Baiser de la fée) – les cinq dernières étant consacrées à une intégrale des symphonies de Beethoven.


Peu souvent jouée, la musique de ballet d’Idoménée (1781) de Mozart bénéficie de la taille réduite de l’EOP (vingt-neuf cordes): sans estrade ni baguette, John Nelson, qui en est le directeur musical depuis 1998, restitue ces courtes pièces avec esprit, légèreté et finesse.


C’est un autre opéra (L’Enlèvement au sérail) qu’annonce le Concerto pour hautbois (1777) dans son Rondo conclusif. Dès les premières mesures, François Leleux se déplace sur scène avec une telle énergie qu’il donne l’impression d’encourager l’orchestre autant que le chef. Il est vrai que son aisance, sa sonorité et son souffle sont phénoménaux, comme dans ces crescendi qui naissent du plus imperceptible pianissimo, mais elles le conduisent peut-être à raffiner excessivement le discours, dont les variations de nuances et de tempi semblent parfois trop travaillées. Cela étant, face au public, le souci du hautboïste de se mettre en valeur dans cette œuvre n’est pas nécessairement condamnable, notamment dans des cadences de son propre cru. Si Mozart a ensuite transcrit (et transposé) ce concerto pour la flûte, Leleux a choisi en bis une partition originellement destinée à la flûte: idée originale en même temps que judicieuse, car la versatilité et la virtuosité de la dernière des Douze fantaisies (1733) de Telemann lui conviennent parfaitement.


Entre temps, Nelson avait dirigé un merveilleux Concerto en ré (1946) de Stravinski, dans une mise en place impeccable, d’un activisme à la fois mordant et elliptique, soulignant la modernité et le caractère dramatique du propos. La disposition des musiciens «à la viennoise» (seconds violons à droite) se révèle en outre particulièrement opportune, notamment dans le Rondo final.


La seconde partie était entièrement dédiée à Haydn, commençant par une rareté, le quatrième des cinq Concertos pour deux lyres organisées (1786) composés à l’intention du roi Ferdinand IV (de Naples). Ici, point de lyres organisées – sortes de vielles dotées d’une série de petits tuyaux d’orgue dont le timbre, dit-on, ressemblait à celui d’un chalumeau ou d’un violon dépourvu de vibrato – mais une adaptation pour flûte et hautbois, accompagnés de deux cors et des cordes (avec deux parties d’altos, comme pour les violons), comme il s’en fit déjà du vivant du compositeur. Sans autre prétention que de divertir, le maître d’Esterhaza imprime clairement sa marque durant ces seize minutes, notamment dans le dernier des trois mouvements, un pétillant Rondo (Presto). La volubilité et la puissance de Leleux tendent malheureusement à éclipser la fragilité de sa partenaire, la flûtiste japonaise Ayako Takagi. En bis, les deux solistes offrent une nouvelle allusion à un opéra de Mozart, avec une spectaculaire réduction de l’air de Monostatos extrait du second acte de La Flûte enchantée (1791).


Nelson clôt le programme par une Quatre-vingt-quatorzième symphonie «La Surprise» (1791) dégraissée, transparente, allante, solide et bien rythmée, aux contours même ici ou là un peu raides, mais où l’orchestre s’ébroue avec un plaisir manifeste, comme dans un Menuet (Allegro molto) bien enlevé sans être précipité. Un troisième bis, le dernier des six mouvements de l’atypique Soixantième symphonie (1774), viendra couronner cette soirée. Véritablement théâtral – après tout, il s’agissait à l’origine d’une musique pour une représentation d’une comédie de Jean-François Regnard, «Le Distrait» (1697), dont la symphonie porte également le titre – il est interrompu au bout de quelques secondes par une délicieuse saynète: le premier violon se lève, arrête le chef interloqué et demande aux cordes, forcément distraites, de se réaccorder, avant que le Prestissimo ne reparte de plus belle. Il reste à espérer que l’Ensemble orchestral de Paris, à la veille de son départ en tournée au Japon, continue, quant à lui, de privilégier la concentration sur la distraction.



Simon Corley

 

 

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