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Ludwig von Stockhausen

Paris
Cité de la musique
09/22/2004 -  
Ludwig van Beethoven : Sonates pour piano n° 28, opus 101, n° 29 «Hammerklavier», opus 106, et n° 31, opus 110
Jean-Efflam Bavouzet (piano)


Fidèle à sa politique de cycles thématiques, la Cité de la musique propose, jusqu’au 5 octobre, huit concerts autour de Karlheinz Stockhausen: si le cœur de la programmation sera bien dévolu au créateur de Hymnen et de Licht, un illustre aïeul (Beethoven) et de turbulents rejetons (David Toop, Irmin Schmidt, Kumo et autres DJs) participeront également à cet hommage.


Avec une première soirée entièrement dédiée au maître de Bonn, le jeu des comparaisons et des influences était inévitable: dans les notes de programme, Michel Rigoni, à juste raison, suggère au moins deux rapprochements entre Beethoven et Stockhausen – un même souci de conduire le développement à partir d’«idées génératrices» et une dimension spirituelle partagée, même si de tels critères sont somme toute de portée suffisamment générale pour que l’on trouve sans peine bien d’autres compositeurs y satisfaisant... Au demeurant, dans les trois des cinq dernières sonates pour piano de Beethoven qui avaient été sélectionnées (opus 101, 106 et 110), le développement fugué domine, au moins extérieurement, les deux autres sonates (opus 109 et 111) étant davantage fondées sur la variation.


C’est à Jean-Efflam Bavouzet qu’il revenait de se confronter à ce menu pantagruélique: force est de constater qu’il se hisse aisément à la hauteur d’un tel enjeu, qui pose non seulement un défi technique et physique à l’interprète mais qui le contraint également à mobiliser l’attention du public une heure et demie durant. De fait, s’il a la partition sous les yeux, ce n’est pas pour en donner une simple lecture mais pour s’en saisir à bras-le-corps et pousser le texte dans ses derniers retranchements.


Dans la Vingt-huitième sonate (1816), la respiration et le naturel de l’Allegretto ma non troppo laissent la place à un Vivace alla marcia d’allure volontaire et péremptoire. Après un Adagio ma non troppo con affetto à la fois simple et concentré, où chaque note et chaque silence prennent toute leur valeur, l’Allegro ma non troppo final exacerbe les frottements harmoniques, les oppositions de registres et les ruptures du discours (trilles, attaques, variations de tempo, notes répétées...). Le parti pris reste le même dans la Trente et unième sonate (1822), que le pianiste français fait toujours avancer, de surprises en contrastes, procédant par une dramatisation du propos qu’autorise notamment un mouvement final d’esprit narratif, culminant dans le déferlement d’énergie de la seconde fugue.


En seconde partie, Bavouzet tombe la veste pour s’attaquer à la Vingt-neuvième sonate «Hammerklavier» (1818). On retrouve dans l’immense Adagio sostenuto un jeu droit, sans affectation ni alanguissement, mais en même temps attentif au toucher et aux timbres. En revanche, les mouvements vifs sont abordés de façon impétueuse et rageuse, dans des tempi extrêmement allants, au risque de quelques dérapages, principalement dans l’Allegro initial. Cette approche bouillonnante rend justice au caractère titanesque de l’entreprise, particulièrement dans la fugue de l’Allegro risoluto conclusif, qui devient une sorte de toccata hallucinée, réalisée de manière époustouflante et spectaculaire.


Après un tel marathon, Bavouzet se lance, en bis et comme si de rien n’était, dans le Klavierstück IX (1961) de Stockhausen: plus résistant qu’un certain nombre de spectateurs dont la concentration semble alors se relâcher, il en livre une vision délibérément romantique et superbement pianistique, soulignant en quoi cette musique est l’aboutissement des procédés beethovéniens, depuis le fameux accord introductif répété cent quarante-deux fois jusqu’aux étincelles de la péroraison dans l’aigu.



Simon Corley

 

 

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