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Otello sous une mauvaise étoile Zurich
Opernhaus
09/05/2004 - et 10, 14* septembre 2004
Giuseppe Verdi: Otello
José Cura (Otello), Norma Fantini (Desdemona), Ruggero Raimondi (Iago), Christoph Strehl (Cassio), Irène Friedli (Emilia), Miroslav Christoff (Roderigo), Pavel Daniluk (Lodovico), Valeriy Murga (Montano), Ruben Drole (Un araldo)
Chœur et Orchestre de l’Opéra de Zurich, Vladimir Fedoseyev (direction musicale)
Sven-Eric Bechtolf (mise en scène)
Cette série d’Otello est la reprise d’une production de 2001, dans laquelle le drame se déroule tout entier dans un immense vaisseau spatial high tech, avec en toile de fond des projections d’étoiles et de galaxies. On pourrait se croire en plein dans Star Wars! D’autant que les personnages portent des combinaisons grises ou vertes, au demeurant plutôt laides. Ces excès du théâtre de régie à l’allemande n’indisposent guère un public venu essentiellement pour se régaler d’exploits vocaux et musicaux. Mais malheureusement, à part une Desdémone inspirée, les oreilles ne seront pas non plus à la fête ce soir…
De la fosse n’arrive qu’un déluge de décibels couvrant systématiquement les chanteurs, comme si le seul objectif du chef était de faire du bruit. Sur scène, José Cura est annoncé - par le directeur lui-même - comme souffrant d’un refroidissement. Et tout au long de la représentation, il ne pourra réprimer des quintes de toux de plus en plus fortes. Difficile dans ces conditions de porter un jugement sur la prestation du chanteur, en méforme évidente. De surcroît, le ténor argentin laisse la désagréable impression d’une prestation très approximative, comme s’il avait manqué de temps pour répéter le rôle. C’est vrai qu’il est à Zurich pour préparer une nouvelle production de Stiffelio, ce qui peut-être explique cela. Ruggero Raimondi a fait lui aussi l’objet d’une annonce: il fête aujourd’hui ses 40 ans de scène. Malgré l’admiration que l’on éprouve pour cet immense chanteur, force est néanmoins de reconnaître qu’il est bien loin désormais de son zénith, puisqu’il parle plus qu’il ne chante. Heureusement, sa formidable présence scénique réussit partiellement à masquer les ravages du temps. La seule bonne surprise de la soirée aura finalement été Norma Fantini en Desdémone. Malgré un environnement peu propice, la chanteuse italienne livre un portrait émouvant de la douce épouse du Maure, tout en convainquant sur le plan musical par une voix ample et majestueuse, un beau timbre, un sens prononcé des nuances et une parfaite maîtrise de la ligne de chant. Bien peu en fin de compte pour sauver une soirée placée sous une mauvaise étoile.
Claudio Poloni
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