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Les Arditti français

Paris
Maison de Radio France
09/12/2004 -  
György Ligeti : Quatuor n° 2
Franck-Christoph Yeznikian : Fibræ (création)
Karim Haddad : Adagio (création)
Patrice Fouillaud : A partir du moment (création)
Béla Bartok : Quatuor n° 6, sz. 114

Quatuor Diotima: Eiichi Chijiiwa, Nicolas Miribel (violon), Franck Chevalier (alto), Pierre Morlet (violoncelle)


En quelques années, le Quatuor Diotima s’est affirmé parmi les ensembles qui, tels les Arditti, s’attachent plus particulièrement défendre le répertoire de ces cent dernières années (voir ici, ici et ici). Il proposait ici un programme ambitieux, deux œuvres (hongroises) de référence encadrant trois créations, dont on peut considérer qu’elles s’inscrivaient chacune dans l’héritage de l’un des trois membres de la trinité viennoise, respectivement Berg, Schönberg et Webern.


Du Second quatuor (1968) de Ligeti, les musiciens livrent une vision sans concessions, sombre et expressive, ne se cantonnant pas aux séductions sonores d’une écriture virtuose et versatile.


Composé pour Alla breve, Fibræ de Franck-Christoph Yeznikian (né en 1969) consiste, comme le veut le principe de cette émission quotidienne de France Musiques, en cinq fragments d’une durée totale de onze minutes. Le titre renvoie notamment à la densité contrapuntique du langage, âpre et abrupt, procédant par brèves cellules à la manière de Janacek, mais d’un lyrisme et d’un expressionnisme qui le situe également dans la descendance de Berg.


Les deux autres premières mondiales présentaient un caractère quelque peu frustrant, en ce sens qu’elles constituaient l’une et l’autre des extraits de partitions dont on aurait aimé pouvoir découvrir l’intégralité. C’est donc le seul Adagio du Quatuor du Libanais Karim Haddad (né en 1962) – faisant lui-même partie d’un «cycle d’une douzaine de pièces pour différentes formations instrumentales sur le thème du "Devenir dans le périssable"» – que l’on aura pu entendre: d’une grande économie de moyens, presque toujours immobile et dans la nuance pianissimo, aux confins de Schönberg (Farben) et de Feldman, ces six minutes déroulent de longs accords tenus, entrecoupés de silences.


De même, A partir du moment n’est que la première des quatre parties du Quatuor de Patrice Fouillaud (né en 1949), l’auditeur ayant quelque mal à ne pas se sentir nargué par la description détaillée que les (excellentes) notes de programme donnent des trois autres parties... Cela étant, dans ces sept minutes de musique, la fragmentation apparente du discours renvoie à Webern, avec une succession de très courts événements sonores, couvrant un vaste champ d’émotions, du murmure à l’exclamation, du lyrique au ludique.


Avec le Sixième quatuor (1939) de Bartok, la boucle était, en quelque sorte, bouclée avec le début du concert: en effet, le Premier quatuor de Ligeti a pu parfois être qualifié de «Septième quatuor de Bartok». Très impressionnant, le Quatuor Diotima atteint non seulement un superbe niveau de réalisation instrumentale, aux voix bien identifiées, mais offre en même temps un jeu résolument expressif et dramatique, souple et mobile, n’hésitant pas à accuser les contrastes entre la noblesse et la désolation des Mesto successifs, d’une part, et le grotesque, voire l’effroi, des épisodes centraux (Marcia, Burletta), d’autre part.


Après de telles aventures (et nouvelles aventures), on comprend aisément que le bis – l’avant-dernier des cinq Mouvements opus 5 (1909) de Webern – ait été concis.



Simon Corley

 

 

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