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Deux ex machina

Paris
Orangerie du Parc de Bagatelle
07/29/2004 -  et 31 juillet (Pontlevoy), 1er août (Paris)
Franz Schubert : Quintette à cordes, D. 956
Johannes Brahms : Quintette avec clarinette, opus 115

Octuor de France: Jean-Louis Sajot (clarinette), Yuriko Naganuma, Jean-Christophe Grall (violon), Laurent Jouanneau (alto), Paul Broutin, Isabelle Sajot (violoncelle)


Avec ce programme, l’Octuor de France, une fois n’est pas coutume, ne sortait pas des sentiers battus, mais ce n’était pas le public, venu nombreux à Bagatelle en cette fin d’une superbe journée estivale, qui allait se plaindre de devoir escalader successivement deux des plus hauts sommets de la musique de chambre du XIXe.


Du Quintette à cordes (1828) de Schubert, les musiciens font un Janus dont ils opposent la face apollinienne des deux premiers mouvements à la face dionysiaque des deux derniers. Serein, d’une assurance tranquille, presque dépourvu d’aspérités, l’Allegro ma non troppo initial, sans la reprise, joue sur la continuité du discours plutôt que sur le caractère urgent, dramatique ou symphonique, peut-être dans la lignée du modèle mozartien (Quintette en ut K. 515). Dans le même esprit, plus classique que romantique, guidé par le violon sans artifices de Yuriko Naganuma, l’Adagio, même dans son épisode en mineur, n’ouvre pas sur des abîmes. Avec le Scherzo, y compris dans le vaste Andante sostenuto central où le chant se déploie amplement, c’est une agogique et un engagement beethovéniens qui s’imposent, ce que confirme l’Allegretto final, rebondissant, rythmé et dansant, au lyrisme à la fois insouciant et généreux.


Le Quintette avec clarinette (1891) de Brahms se rattache lui aussi à la catégorie des ultima verba. Il porte par ailleurs la marque de Mozart, dont le quintette écrit pour la même formation se conclut également par un thème et variations. Comme chez Schubert, l’interprétation tend à opposer deux à deux les quatre mouvements. Allant et rhapsodique, donné avec sa reprise, l’Allegretto laisse la place à un Adagio apaisé et équilibré, sans excès de pathos. Le tempérament se fait ensuite plus expansif, avec la vigueur de l’Andantino puis du Presto non assai, ma con sentimento, qui est enchaîné presque sans interruption avec le Con moto à variations, plein d’élan voire de mordant. Et ce qui frappe tout au long de l’écoute, c’est l’homogénéité d’ensemble, la capacité à tenir fermement un cap et, corrélativement, le refus délibéré de Jean-Louis Sajot de transformer la partition en concerto pour clarinette.


Pas même, avec les cordes en sourdine, dans le Larghetto du Quintette avec clarinette (1789) de Mozart (que l’Octuor de France donnera à Bagatelle les 12 et 15 août). Dans son habituelle et brève intervention liminaire, le clarinettiste avait certes rappelé que l’Adagiodu Quintette de Brahms avait été bissé lors de la création, mais l’apparition de Mozart en deus ex machina de cette soirée était d’une parfaite cohérence, tant les œuvres choisies n’avaient cessé de suggérer sa présence.



Simon Corley

 

 

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