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Un Faust d'un luxe musical inouï

London
Covent Garden
06/11/2004 -  et les 15, 19, 23, 27* juin et 2 juillet 2004
Charles-François Gounod: Faust

Roberto Alagna (Faust), Bryn Terfel (Méphistophélès), Angela Gheorghiu (Marguerite), Matthew Rose (Wagner), Simon Keenlyside (Valentin), Sophie Koch (Siébel), Della Jones (Marthe Schwertlein)


Royal Opera Chorus (Terry Edwards, préparation), Orchestre du Royal Opera House, Antonio Pappano (direction musicale), David McVicar (mise en scène)


Sur le papier, cette nouvelle production de Faust promettait d’être l’un des événements de la saison lyrique 2003-2004. Covent Garden en effet avait mis les petits plats dans les grands pour réunir une distribution éclatante, digne d’une pochette de CD, sous la conduite du directeur musical de la vénérable maison, Antonio Pappano, et de la coqueluche du théâtre anglais, David McVicar. Au final, seule la partie musicale du spectacle aura tenu (presque) toutes ses promesses, tant l’aspect visuel aura été gâché par les délires d’un metteur en scène qu’on avait connu plus inspiré.


Au départ pourtant, tout commence relativement bien, de façon même plutôt conventionnelle. Mais les premiers doutes apparaissent rapidement: l’action est-elle censée se dérouler dans une église ou dans un théâtre? Les scènes d’extérieur, évoquant la mobilisation, font inévitablement penser aux Misérables. Et que dire des innombrables gags qui parsèment la production, comme la passerelle qui permet à Faust d’atteindre le balcon de Marguerite? Mais rien de bien grave en comparaison de ce qui se passe après l’entracte, un peu comme si McVicar s’était retenu pendant toute la première partie du spectacle pour mieux se lâcher dans la seconde! Méphisto déguisé en drag queen, l’inévitable scène de copulation, une parodie de Gisèle, Marguerite dirigeant le cabaret d’enfer, dans lequel des danseurs s’encanaillent dans un french cancan façon Broadway… Bref, un patchwork des plus confus.


Heureusement, on peut fermer les yeux sans scrupules, tant les oreilles sont comblées. Après son Des Grieux idéal à la Bastille, Roberto Alagna offre au public londonien une de ses plus belles prestations: diction impeccable, aigus insolents (même s’il a tendance à les tenir excessivement longtemps), phrasé exemplaire, parfaite maîtrise de la ligne de chant, le tout doublé d’en engagement scénique convaincant. On voudrait tellement pouvoir lui dire de ne pas abandonner ce répertoire qui lui convient si bien et d’attendre encore un peu avant d’enchaîner les Radamès, Andrea Chenier et Otello qui s’annoncent déjà pour les prochaines années.

Angela Gheorghiu réussit à faire oublier un français très approximatif par une voix somptueuse, qui nous vaut notamment un air des bijoux d’une incroyable fluidité. Pour une fois, Marguerite n’est pas une jeune fille naïve, mais une femme dynamique (et blonde!), ce qui convient très bien au tempérament de la diva roumaine. Dans le rôle de Méphisto, Bryn Terfel impose une incroyable présence scénique et une puissance vocale à toute épreuve, au détriment peut-être des nuances. Sophie Koch, bien que handicapée par la mise en scène, qui lui impose un Siébel claudiquant exagérément, campe un amoureux vif et enjoué sur le plan vocal. Mais c’est Simon Keenlyside qui offre la prestation la plus irréprochable. Dans un français parfait et un style impeccable, il nous gratifie d’une scène d’agonie d’anthologie. Il est rare qu’un chanteur de ce calibre accepte un second rôle, chapeau! Dans la fosse, Antonio Pappano propose une lecture de la partition tout en contrastes et en étincelles, mais il n’évite pas les lourdeurs. Vivement le CD du spectacle, mais surtout pas le DVD!





Claudio Poloni

 

 

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