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Soirée Mahler contrastée Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/29/2004 - et 1er juillet 2004
Gustav Mahler : Kindertotenlieder – Symphonie n° 5
Matthias Goerne (baryton)
Orchestre National de France, Bernard Haitink (direction)
On a beau savoir que Gustav Mahler a créé les Kindertotenlieder avec un baryton (le 29 janvier 1905 à Vienne), on veut bien croire son plus éminent biographe, Henry-Louis de La Grange, lorsqu’il affirme que le compositeur souhaitait pour cette œuvre une voix d’homme, malgré cela on ne peut s’empêcher de préférer une voix féminine pour ce cycle de lieder, plus apte à éprouver, selon nous, la douleur de l’enfant perdu. Encore plus ce soir où l’on retrouve le certes très talentueux Matthias Goerne mais dont la voix se perd dans un souci du détail et des nuances au point, par moment, de se détimbrer, tandis que son refus de toute dynamique gomme les passages les plus tragiques. Sensation bizarre où l’on est à la fois fasciné par le travail réalisé sur la moindre inflexion et, sur la longueur, guetté par l’ennui. Pour ne pas le couvrir, l’orchestre est par trop contraint et en devient terne. Heureusement, après l’entracte revoici les couleurs, la vitalité, la puissance ! Haitink, l’un des grands malhériens de notre temps, dessine une superbe Cinquième alliant la rigueur et la clarté de la construction avec le foisonnement et l’imagination de la narration. Le National est en grande forme, notamment le corniste Vincent Léonard (futur premier cor solo) dans le scherzo (dont, au passage, le nom aurait pu être indiqué dans le programme), et il recueille l’ovation méritée d’un théâtre des Champs-Elysées comble. Pour notre plus grand plaisir nous retrouverons, aux mêmes dates en 2005, Bernard Haitink et l’Orchestre National de France, cette fois dans La Mer de Debussy et la Huitième de Chostakovitch, encore un beau voyage en perspective !
Ecouter la Cinquième Syphonie sur le site de France Musique
Philippe Herlin
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