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Paris
Bastille
06/23/2004 -  23*, 26, 30 juin et 3, 7, 9, 12,15 juillet 2004 et les 24*, 29 juin et 2, 5, 8, 10, 13 et 16 juillet.
Wolfgang Amadeus Mozart : Die Zauberflöte

Gordon Gietz/Charles Castronovo (Tamino), Rachel Harnisch/Julia Kleiter (Pamina), Stéphane Degout/Detlef Roth (Papageno), Gaële Le Roi (Papagena), Alfred Reiter/Reinhard Hagen (Sarastro), Aline Kutan/Ingrid Kaiserfeld (la reine de la nuit), David Cangelosi/François Piolino (Monostatos), Aga Mikolaj (1ère dame), Karine Deshayes (2ème dame), Ursula Hesse von den Steinen (3ème dame), Reinhard Dorn (l’orateur/1er prêtre), Robert Künzli (1er homme armé), Gudjon Oskarsson (2ème homme armé), Wilfried Gahmlich (2ème prêtre)
Kenzo Takada (costumes), Heinrich Brunke (lumières), Andy de Groat (chorégraphie), Robert Wilson (mise en scène et décors)
Orchestre et Choeurs de l’Opéra National de Paris, Solistes de la Maîtrise des Hauts-de-Seine, Choeur d’enfants de l’Opéra National de Paris
Jiri Kout (direction)

Après treize ans de bons et loyaux services, la mise en scène de Robert Wilson est aujourd’hui présentée pour la dernière fois. L’esthétique de ce metteur en scène reste assez difficile à comprendre et surtout à apprécier et parfois on préférerait un peu plus d’engagement et de liberté chez les chanteurs. Une double distribution a été requise et il aurait peut-être fallu faire un mélange des deux pour vraiment rendre justice à l’oeuvre de Mozart.



La direction gestuelle de Robert Wilson est assez surprenante car elle ne laisse aucune imagination à l’interprète qui doit se soumettre à des mouvements brefs et saccadés. Autant cela était remarquable dans les deux Glück montés en 1999 au Châtelet, autant cela semble plus artificiel ici. Seul Papageno a quelques gestes un peu plus legato (pourrait-on dire) et encore parce que Detlef Roth, notamment, est un peu moins rigoureux dans ses attitudes. Monostatos est également un personnage qui a une caractéristique gestuelle puisqu’il bouge beaucoup les bras et qu’il saute, mais toujours selon un réglage précis. La mise en scène insiste beaucoup sur les couleurs et les décors et les costumes sont dans des teintes vives et contrastantes. Les trois dames ont chacune leur couleur et leur forme de robe (violet, vert et orange) et ne sont pas assimilables à leur reine. Papageno rassemble à un parfait canari, tout de jaune vêtu, tandis que Papagena a des plumes cousues sur son costume et une robe verte pâle. Robert Wilson trouve quelques belles images notamment pour la figure du serpent car il s’agit d’un personnage tout en rouge (vêtement et chapeau) et qui tire un grand drap rouge aussi: quand les trois dames le tuent, il disparaît par une trappe. Vision originale du serpent puisque de bête monstrueuse il devient une sorte d’entité, de destin.
Les costumes de Kenzo Takada sont très beaux, stylisés et composés de pans de tissu, notamment pour les personnages évoluant autour de Sarastro. Ce dernier a un élégant manteau gris, tandis que l’orateur est tout en turquoise. Une attention particulière est portée aux chapeaux et ils sont tous différents: si Tamino et Pamina ont des sortes de couronne (origine royale oblige), Sarastro a un très haut chapeau tout comme la reine de la nuit. Le plus original est bien sûr celui de Papageno puisqu’il a un long bec pointu en fer, souvenir de son métier d’oiseleur.


Passons sur la prestation de Gordon Gietz qui possède un timbre agréable mais qui n’a pratiquement pas cessé de chanter faux et avec des aigus engorgés. Charles Castronovo a davantage d’élégance dans la voix et s’en sert à des fins expressives, notamment dans le “nur Pamina”. Il se soumet à la musicalité de Mozart en interprétant un superbe “Dies Bildnis” bien plus théâtral que son collègue.
Rachel Harnisch ne soutient pas la comparaison avec Julia Kleiter car si elle possède une jolie voix, elle est un peu mal à l’aise dans les aigus et surtout dans la montée de “Ach ich fühl’s”. En revanche la seconde Pamina a tous les atouts pour être une noble princesse: un timbre particulier, une intelligence musicale qui lui permet d’habiter les moindres répliques, comme dans le trio d’adieu avec Sarastro et Tamino, une agilité vocale remarquable dans les notes piquées de son air. Elle forme avec Charles Castronovo un couple idéal, rivalisant d’élégance.
Stéphane Degout est en passe de devenir un spécialiste du rôle de Papageno et il maîtrise parfaitement la ligne de chant et, même s’il est contenu par la mise en scène, il arrive à donner corps à son personnage. Il est un oiseleur enjoué et sa voix traduit les différentes émotions ressenties au cours de l’oeuvre et si ses “hem, hem” sont savoureux et expressifs, son adieu à la vie au deuxième acte est assez émouvant. Detlef Roth est également à l’aise dans ce rôle mais il apporte peut-être moins de couleurs.
Gaële Le Roi fait ses adieux au rôle de Papagena qu’elle a chanté de nombreuses fois à l’Opéra de Paris. Même si la voix est assez peu puissante, elle est excellente scéniquement et se montre très drôle quand elle éternue entre deux réponses à Papageno. Elle apporte son timbre frais et parvient à donner une consistance à ce personnage parfois épisodique.
Pour trouver un bon Sarastro, il faudra également se tourner vers la seconde distribution car si Alfred Reiter possède les graves nécessaires, il est assez dépourvu de couleurs dans la voix, ce dont ne manque absolument pas Reinhard Hagen, Sarastro de grande classe: le chanteur distille le “O Isis und Osiris” avec une grande maîtrise et une facilité dans la tessiture.
Quel dommage que Natalie Dessay ait renoncé à la reine de la nuit… n’est-il plus possible de trouver aujourd’hui une soprano colorature capable de faire les notes justes et piquées et avec un minimum d’expressivité? Aline Kutan et Ingrid Kaiserfeld tentent de dompter la partition mais elles n’ont absolument pas l’agilité et les aigus requis, ce qui donne un résultat assez inaudible surtout en ce qui concerne la seconde car elle semble confondre la reine avec Donna Anna.
Les trois dames sont excellentes et elles ont des timbres bien différenciés, riches et fournis. La première dame, Aga Mikolaj, apporte une couleur plus lumineuse à l’ensemble avec ses aigus brillants, la deuxième, chantée par une Karine Deshayes royale, confère une profondeur douce et résonnante tandis que Ursula Hesse von den Steinen, en troisième dame, soutient le trio avec son grave profond et velouté.
Les deux Monostatos sont vraiment excellents et si David Cangelosi est plus à l’aise scéniquement, François Piolino apporte une sensibilité intéressante. Le premier est un habitué de ces rôles de caractère (on se souvient de son merveilleux Pedrillo au TCE en 2002) et il chante avec habileté son air malgré le tempo rapide: il donne un accent sur la première note et continue en mezza-voce. Le second, qui fait beaucoup parler de lui ces derniers temps, donne une intelligence à son personnage avec son timbre clair.
Les rôles plus secondaires sont également très bien tenus à commencer par l’impressionnant Reinhard Dorn dans le rôle de l’orateur qui affiche une voix puissante et agile, faisant parfois pâlir le Sarastro d’Alfred Reiter. Les hommes armés sont très à propos et le voix du ténor Robert Künzli se fait particulièrement entendre.


La direction de Jiri Kout est plus qu’honnête et il tire de beaux sons de l’orchestre notamment dans l’ouverture. Il apporte une certaine élégance à l’ensemble tout en tentant de donner un sens théâtral à l’oeuvre, ce qui n’est pas une mince affaire avec une telle mise en scène. Les couleurs sont belles et il convient de souligner la prestation de la flûtiste qui interprète un morceau (de Mozart?) pendant que Tamino charme les animaux. Si le soir du 23 il peine un peu à trouver une dynamique, il se montre bien plus inspiré le lendemain. Au risque de se répéter, on ne peut passer sous silence les décalages du choeur, non seulement entre les différents pupitres mais aussi avec l’orchestre.



Parler de l’expressivité vocale des chanteurs est assez difficile car la mise en scène ne leur laisse pas la moindre personnalité et leurs gestes sont si codifiés que leur chant est également assez raide et inexpressif. Il est toutefois indéniable que la magie passe mieux dans une mise en scène plus traditionnelle comme celle de Benno Besson présentée en 2000 à Garnier plutôt que dans une vision aussi hiératique que celle de Robert Wilson. Toutefois la seconde distribution présente davantage d’attraits que la première, sauf si la reine y est meilleure et qu’il faut absolument entendre Stéphane Degout en Papageno.





A noter:
- la saison prochaine verra une nouvelle production de Die Zauberflöte déjà présentée à la RuhrTriennale en septembre dernier et si l’on retrouvera Stéphane Degout en Papageno, Mireille Delunsch prêtera ses traits à Pamina et Paul Groves à ceux de Tamino, tous sous la baguette de Marc Minkowski. A la Bastille du 24 janvier au 21 février 2005.


Manon Ardouin

 

 

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