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La «Nuit américaine» de Lambert Wilson

Paris
Cité de la musique
06/22/2004 -  et 23, 24* (Cité de la musique) juin, 2 (Perpignan), 5 (Lyon), 18 (Carcassonne), 20 et 25 (Théoule-sur-Mer), 27 (Fréjus), et 28 (Lacoste) juillet, 10 août 2004 (Bergerac), 25 à 27 janvier (Nantes), 11 (Lorient) et 23 février 2005 (Nevers)
Richard Rogers et Lorenz Hart : My funny Valentine (extrait de «Babes in arms») – Bewitched, bothered and bewildered (extrait de «Pal Joey»)
Ned Rorem : Nantucket (extrait de «The Nantucket song») – What if some little pain… (arrangement E. Ferlet) – Sonnet et Opus 101 (extraits de «Santa Fe songs») – Early in the morning
Charles Ives : Ann street, Z. 137
Kurt Weill : This is the life (extrait de «Love life»)
Cole Porter : Ev’ry time we say goodbye (extrait de «Seven lively arts») – Anything goes (extrait de « Anything goes»)
Alec Wilder : Blackberry winter
Leonard Bernstein : Wrong note rag (extrait de «Wonderful town») – It must be so (extrait de «Candide») – Hymn and psalm: A simple song (extrait de «Mass») – Taxi number: Come up to my place, New York, New York et Some other time (extraits de «On the town») – A boy like that, I have a love et Maria (extraits de «West side story»)
Medley de George et Ira Gershwin (arrangement E. Ferlet)
John Kander : All that jazz (extrait de «Chicago»)
Samuel Barber : With rue my heart is laden, opus 2 n° 2 – Solitary hotel (extrait de «Despite and still»), opus 41
George Gershwin : Summertime (extrait de «Porgy and Bess»)
Arrangements : R. Huby

Lambert Wilson, Stephy Haïk, Maria Laura Baccarini (chant)
Régis Huby (violons), Alain Grange (violoncelle), Guillaume Seguron (contrebasse), Jean-Marc Larché (saxophones), Catherine Delaunay (clarinettes), Roland Pinsard (clarinette basse), Edouard Ferlet (piano), François Merville (percussion)
Hélène Vincent (mise en scène), Ariane Gardel (assistante à la mise en scène), François Austerlitz (création lumières)


Dans le cadre du cycle qu’elle organise autour du thème «New York, New York», la Cité de la musique a proposé, trois jours de suite, un spectacle rodé à Châlon-sur-Saône puis à Chambéry, avant de partir pour une grande tournée en province, et intitulé «Lambert Wilson chante Nuit américaine». Clin d’œil de l’acteur au film de Truffaut et à l’effet d’illusion qui s’attache à cette expression? Peut-être, avec cette scène recouverte de tentures noires et ces projecteurs de différentes tailles. Mais cette «nuit américaine», compte tenu des musiques choisies, traduit sans doute bien plus une errance nocturne, où une sorte de mélancolie évoquant les visions d’Edward Hopper alterne avec l’exubérance d’une revue de Broadway. Car les vingt-six numéros, successivement des airs et des ensembles, vont du répertoire dit «classique» (Ives, Barber, Rorem) à la comédie musicale (Cole Porter, Kurt Weill, Rodgers et Hart, George Gershwin, Leonard Bernstein, John Kander). Wilson s’en réserve la moitié en solo, participant par ailleurs à un duo et à trois trios.


Malgré la mise en scène d’Hélène Vincent, soutenue par les lumières très présentes de François Austerlitz, il préfère parler, à propos de cette soirée, de «concert» plutôt que de «spectacle». De fait, le déroulement de cette heure trois quarts s’apparente à celui d’un concert: les huit musiciens réunis autour des arrangeurs – le violoniste Régis Huby et, pour deux morceaux, le pianiste Edouard Ferlet – s’installent d’abord pour s’accorder, avant d’être rejoints par la vedette; deux parties se détachent, même si c’est une pause (au cours de laquelle les instrumentistes se réaccordent), et non un entracte, qui les sépare; enfin, la «mise en scène», plus active dans les ensembles que dans les airs, n’aménage que marginalement les éléments traditionnels du récital, avec un minimum d’accessoires, de costumes et de mouvements.


Outre sa participation remarquée à deux films musicaux d’Alain Resnais (On connaît la chanson puis Pas sur la bouche), Lambert Wilson s’est déjà illustré dans deux tours de chant en 1990 (Lambert Wilson chante) et en 1997 (Démons et merveilles), qui ont chacun donné lieu à un disque. Mais, dans un pays où il est de bon ton de cloisonner les disciplines artistiques, il présente le grand défaut de ne pas cantonner son talent à un seul domaine. D’où peut-être la nécessité qu’il paraît ressentir de devoir prouver ou démontrer quelque chose. Crânement, il débute ainsi a capella, avec My funny Valentine (Rodgers et Hart), et, tout au long du programme, il donne l’impression à la fois de s’appliquer consciencieusement, au détriment de la spontanéité et de la souplesse, et de se réfugier dans les poses, tant vocales que scéniques, du récitaliste classique. Sans prétendre ici que Wilson égale Hampson ou Sinatra, d’autant que telle n’est évidemment pas l’ambition de l’intéressé, force est cependant de constater que sa voix de baryton ne manque ni de velouté, ni de puissance, ni de souffle, et qu’il soigne sa diction. S’il use d’un vibrato assez large, il se révèle toutefois très à l’aise dans les passages lyriques. Surtout, dès que les pièces prennent une certaine ampleur, comme This is the life (Weill) ou It must be so (Bernstein), il montre qu’il sait conduire une progression et camper un personnage.


Il est entouré de deux partenaires de charme: Maria Laura Baccarini, dans un registre de mezzo, et Stephy Haïk, à la tessiture plus aiguë. La blonde Italienne frappe par son abattage ainsi que par un timbre qui se brise ou se voile parfois, et fait merveille dans All that jazz (Kander), mais la brune Franco-américaine, au grain plus lisse et aux interprétations plus travaillées, livre un surprenant Summertime (Gershwin) et, surtout, un excellent Bewitched, bothered and bewildered (Rodgers et Hart).


Les chanteurs ont parfois du mérite à tenter de passer la rampe, entre une sonorisation assez bruyante, surtout pour cette acoustique naturellement réverbérante, et des arrangements envahissants à force d’être volubiles, même s’ils font preuve d’une indéniable originalité, à l’image de ces sonorités de guitare basse obtenues avec les trois instruments à cordes (violon, violoncelle, contrebasse), le jeu avec des baguettes sur les cordes du piano et la clarinette basse.



Simon Corley

 

 

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