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Trois heures avec Beethoven

Paris
Saint-Denis (Maison de la Légion d'honneur)
06/20/2004 -  
Ludwig van Beethoven : Sonate pour violon et piano n° 7, opus 30 n° 2 (*) – Sonate pour violoncelle et piano n° 2, opus 5 n° 2 (+) – Trio avec piano n° 5 «Des esprits», opus 70 n° 1 (#) – Sonate pour violon et piano n° 9, opus 47 «A Kreutzer» (µ) – Quatuor n° 16, opus 135 (§) – Trio avec piano n° 7 «A l’Archiduc», opus 97 (&)


Stéphanie-Marie Degand (* #), Renaud Capuçon (µ § &), Aki Saulière (§) (violon), Béatrice Muthelet-Harding (§) (alto), Ophélie Gaillard (+ #), Gautier Capuçon (§ &) (violoncelle), Vanessa Wagner (* + #), Nicholas Angelich (µ &) (piano)


A l’occasion de sa trente-sixième édition, qui se tient jusqu’au 30 juin, le Festival de Saint-Denis propose notamment un «parcours Beethoven» en six temps, comprenant, à la Maison de la Légion d’honneur, mélodies, musique de chambre et récital de piano(forte), puis, à la Basilique, la Neuvième symphonie sous la direction de Jean-Claude Casadesus. Dans le cadre de ce cycle, deux concerts successifs étaient confiés, au cours de la même après-midi, à de jeunes solistes français. Et, non sans ironie, c’est sous le portrait de «Napoléon fondateur» (de l’Ordre de la Légion d’honneur), que Beethoven admira en premier consul puis honnit en empereur, que ces trois heures de musique de chambre étaient offertes.


Pour le premier concert, deux musiciennes issues de l’univers baroque étaient associées à la pianiste Vanessa Wagner. Dans la Deuxième sonate pour violoncelle et piano (1796), Ophélie Gaillard, observant toutes les reprises, fait rimer finesse avec sagesse, malgré quelques raclements épisodiques, soutenue par un piano plus mobile et vivant, quoique parfois imprécis. Premier violon du Concert d’Astrée, Stéphanie-Marie Degand prend davantage de risques dans la Septième sonate pour violon et piano (1802): conciliant fougue et transparence, elle impose un climat qui reste encore plus classique que romantique, ce qui ne nuit nullement au caractère expressif de l’Adagio cantabile.


Les trois artistes sont réunies pour le Cinquième trio avec piano «Des esprits» (1809), où l’élan, voire la violence des mouvements extrêmes ne trouve de répit qu’avec le fameux Largo assai ed espressivo, fantomatique comme il se doit. Mais est-ce l’acoustique qui a entraîné un regrettable déséquilibre entre le piano et les deux autres instruments, au détriment de ces derniers? En bis, l’Adagio con espressione du Quatrième trio «Gassenhauer» (1798) invitait à la sensualité et à la nonchalance.


Avec une affluence encore plus grande, le second concert était organisé autour de Renaud Capuçon, qui présentait d’abord la Neuvième sonate pour violon et piano «A Kreutzer» (1803). Sa manière volontiers charmeuse et virtuose ne se concilie pas nécessairement avec les exigences et la profondeur toujours aussi exceptionnelles de Nicholas Angelich, mais tous deux rendent impeccablement justice à la véhémence du discours. Dans le Seizième quatuor (1826), Renaud est rejoint par son frère Gautier ainsi que par la violoniste Aki Saulière et l’altiste Béatrice Muthelet-Harding. Résolument extérieure, leur approche privilégie la hargne, l’énergie et les contrastes, mais, après tout, le dernier mouvement n’est-il pas sous-tendu par la célèbre question «Muß es sein?» et par sa réponse volontariste «Es muß sein!»?.


Dans le Septième trio avec piano «A l’Archiduc» (1811), le souci accordé aux détails et l’exagération de certaines nuances portent préjudice à l’unité du discours. En outre, alors que ces musiciens viennent d’enregistrer les trois trios de Brahms, la hauteur de vue d’Angelich s’oppose ici au son volontiers rond et chaleureux des Capuçon. Cela étant, l’engagement et la verve ne se démentent jamais et, sans forcer sur le grand jeu, le ton recueilli de l’Andante cantabile convainc pleinement.



Simon Corley

 

 

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