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D’un cycle à l’autre

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/14/2004 -  
Gustav Mahler : Des Knaben Wunderhorn (six lieder)
Richard Strauss : Une Vie de héros, opus 40

Hanno Müller-Brachmann (baryton)
Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)


L’ultime prestation parisienne de la saison de l’Orchestre philharmonique de Radio France marquait également la fin du cycle Richard Strauss qu’il a proposé, avec son directeur musical Myung-Whun Chung, depuis septembre dernier.


Strauss était à nouveau associé ici à Mahler, alors même que l’orchestre s’apprête à donner, la saison prochaine, l’intégrale de ses symphonies. Thomas Quasthoff ayant dû renoncer ce mois-ci, en raison d’une intense fatigue, à honorer ses engagements, c’est son compatriote Hanno Müller-Brachmann qui l’a remplacé dans six extraits du recueil Des Knaben Wunderhorn (1892-1901). Décidément, l’Allemagne ne finira pas de nous enchanter, car, sans prétendre à l’exhaustivité, derrière Olaf Bär (né en 1957), Thomas Quasthoff (1959), Andreas Schmidt (1960), Matthias Goerne et Dietrich Henschel (1967), la relève semble déjà assurée. Et, une fois de plus, c’est le nom de Dietrich Fischer-Dieskau que l’on trouve parmi les professeurs de ce baryton de trente-quatre ans, qui démontre sans peine, à l’occasion de ce concert, l’ampleur de ses moyens techniques. Car si sa voix est sans doute à la fois moins ronde et moins puissante que celle de Quasthoff, il ne s’en impose pas moins face à un orchestre aux couleurs délibérément acides, qui mise davantage sur l’engagement que sur la précision.


Pour le reste, la clarté de la diction, confinant parfois même à la surarticulation, l’étendue de la tessiture, la séduction des timbres et la remarquable conduite de la ligne de chant ont tout pour convaincre. S’agissant du registre expressif, l’émotion semble plus travaillée que spontanée, plus extérieure qu’intérieure, tandis que l’accent mis sur la narration le conduit parfois à surjouer le texte, notamment dans les pièces de caractère plus léger (Des Antonius von Padua Fischpredigt, Lob des hohen Verstandes).


En seconde partie, Chung et ses musiciens couronnent leur cycle Strauss et, au-delà, leur saison entière par une interprétation de très haut niveau de Une Vie de héros (1898), poème symphonique exactement contemporain du Knaben Wunderhorn. Animée par une formidable énergie, quoique d’une durée totale de cinquante minutes, leur lecture maintient de part en part une tension exceptionnelle et une qualité instrumentale, qui ne se relâchent nullement, bien au contraire, dans les passages plus recueillis (thème de la «certitude de la victoire», La retraite et l’accomplissement). Spectaculaire mais toujours tenue, sans jamais verser dans la débandade bruyante ni la lourdeur (malgré un effectif de soixante-dix cordes), elle démontre en outre un art consommé des transitions et un souci permanent de clarté. Dans la partie quasi concertante qui lui est dévolue, Elisabeth Balmas, premier violon solo, délivre un discours déterminé et à tous égards fantasque, mais qui, après tout, correspond bien à ce que l’on sait de la «compagne du héros», à savoir Pauline, l’épouse du compositeur, qu’elle est supposée incarner.



Simon Corley

 

 

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