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Abstraction magyare

Paris
Théâtre du Châtelet
06/11/2004 -   – et 13* juin 2004
Zoltan Kodaly : Hary Janos

Béla Perencz (Hary), Nora Gubisch (Ilka), Lucia M. Schwartz (Marie-Louise), Zita Varadi (L’Impératrice), Istvan Rozsos (Marci), Erick Freulon (Napoléon)
Gérard Depardieu (Hary, le narrateur), Micha Lescot (L’étudiant)
Chœur de l’Opéra national de Montpellier, Christophe Talmont (chef de chœur), Chœur d’enfants Opéra junior, Valérie Sainte Agathe (chef de chœur), Orchestre national de Montpellier, Friedemann Layer (direction)
Jean-Paul Scarpitta (mise en scène, décors, costumes) Urs Schönebaum (lumières), Georges Momboye (chorégraphie)


Dans le cadre de son «Festival des régions», le Châtelet donnait à deux reprises une production de Hary Janos (1926) de Kodaly déjà présentée en 2002 à Montpellier, au cours du Festival de Radio France (voir ici). Si la Suite qu’en tira le compositeur dès 1927 a rapidement fait le tour du monde, on comprend mal pourquoi l’opéra proprement dit n’a pas acquis une renommée comparable. Il est vrai la langue hongroise conjuguée à l’importance des dialogues parlés (un peu à la manière d’un singspiel tel que L’Enlèvement au sérail) n’ont sans doute pas facilité la diffusion de cette oeuvre emblématique de l’âme magyare. Mais au-delà des six merveilleux numéros retenus par la fameuse Suite, le reste de la musique se maintient au même niveau, comportant autant de pièces purement orchestrales que de passages chantés. S’y succèdent morceaux de bravoure (le domptage du cheval de l’empereur), fresques patriotiques et mélodies populaires (avec leurs textes) qui fleurent délicieusement le terroir, certes davantage à la manière de Canteloube que de Bartok.


Deux récitants, Hary Janos lui-même et un étudiant auquel il raconte ses exploits, remplacent ici les dialogues: ils disent, à l’avant-scène, un texte original de Florian Zeller, qui résume et commente l’action. Gérard Depardieu fait du Gérard Depardieu, ce qui semble satisfaire les spectateurs, même s’il est un peu trop accroché au livret posé sur le pupitre qu’apporte et remporte son partenaire à chacune de leurs apparitions sur le devant de la scène. Micha Lescot parvient à exister face à lui, ce qui n’est pas un mince exploit. Tous deux tirent le propos vers un côté plus sombre, assez éloigné de l’ironie ou de la truculence de la «fable» de Kodaly, Depardieu campant un Hary Janos tour à tour las, amer ou vindicatif, plus Joseph (de L'Histoire du soldat) ou Don Quichotte que Baron de Münchhausen.


Dans le même esprit, la mise en scène de Jean-Paul Scarpitta, qui signe également des décors minimalistes et des costumes d’une belle sobriété, parie sur l’abstraction et le concept: outre des danseurs animés par les chorégraphies assez peu idiomatiques de Georges Momboye, c’est ce qui justifie sans doute la présence d’une fildefériste, d’un jongleur et d’un athlète sur un trampoline. Pour le reste, on n’est pas loin de Bob Wilson, avec des personnages évoluant lentement sur le plateau pour venir chanter leur partie face au public.


Sous la baguette de son directeur musical, Friedemann Layer, l’Orchestre national de Montpellier, très sollicité dès la longue Ouverture de théâtre (1927) qui introduit le spectacle, fait valoir une sonorité ronde et puissante. Mais il demeure très attentif aux chanteurs, dont les brèves interventions sont toutes convaincantes, à commencer par le Hary Janos lyrique et un rien pontifiant de Béla Perencz ou la vaillante Ilka de Nora Gubisch. Le Choeur de l’Opéra national de Montpellier et Opéra junior, le choeur d’enfants (dans son court et charmant abécédaire), apportent également une contribution appréciable.



Simon Corley

 

 

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