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Champagne sans bulles Montreal Salle Wilfrid-Pelletier 05/29/2004 - et les 3, 5, 7, 9 et 12 juin 2004
Franz Lehar : La veuve joyeuse
Frédérique Vézina (Missia Palmieri), Jean-François Lapointe (Danilo), Nathalie Paulin (Nadia), John Tessier (Camille), Normand Lévesque (Popoff), Jean Marchand (Figg), et al.
Jacques Leblanc (mise en scène)
Jean Léger (Chorégraphe)
Michael Yeargan (décors)
Thierry Bousquet, Susan Memmott Allred (costumes)
Sonoyo Nishikawa (éclairages)
Orchestre Métropolitain du Grand Montréal
Bernard Labadie (direction)
Œuvre légère et sympathique, La veuve joyeuse vaut à coup sûr le déplacement, ne serait-ce que pour chasser le vague à l’âme et se laisser prendre aux supercheries bêtes et sans prétention de ses protagonistes, pour s’abandonner au ridicule caricatural de son déroulement, ou simplement pour se changer les idées…Regorgeant d’éléments d’intérêt, l’actuelle production qui vient clôturer la saison régulière de l’Opéra ne laisse malheureusement pas, et de façon tout de même un peu surprenante, d’impression particulière, et la chose peut probablement être attribuée à son contexte plutôt qu’à l’intention de ses géniteurs.
Les différents décors sont tous très agréables à regarder, les costumes tous aussi brillants les uns que les autres, les nombreux danseurs intervenant au cours du spectacle sont franchement impressionnants dans le genre, Labadie dirige avec une conviction et une vivacité inaltérables, mais il manque au produit ce qui globalement le transformerait sans doute en pétillant divertissement. Malgré quelques meilleurs moments (les danseurs, notamment…), le statisme général des déplacements constitue déjà un point faible, les acteurs-chanteurs ont souvent l’air égaré dans l’immensité de la scène de Wilfrid-Pelletier, l’orchestration légère de l’œuvre est particulièrement mal servie encore ici (c’est d’une salle dont nous avons besoin, Madame la ministre, d’une salle…) et malgré une foule de joyeuses trouvailles, les dialogues qui constituent la majeure partie de la pièce sont difficilement compréhensibles et ne parviennent que rarement à provoquer un rire sincère.
Si on se demande souvent dans quel but Wilfrid-Pelletier a vraiment été conçue, on peut affirmer sans détour que ce n’est assurément pas pour le théâtre. Quel affreux vaisseau pour des comédiens ! Le Popoff de Normand Lévesque et le Figg et Jean Marchand n’en demeurent pas moins absolument savoureux, la Palmieri de Frédérique Vézina désinvolte et manipulatrice (la voix plafonne vite à l’aigu cependant; dommage) la Nadia de Nathalie Paulin, risible dans ses multiples contradictions, le Camille de John Tessier, tout aussi égaré qu’amoureux…On a quand même l’impression d’observer de loin, de très loin, sans jamais être vraiment sollicité, toutes ces édifiantes élucubrations. Seuls, Lapointe (qui offre somme toute la prestation la plus achevée) et Paulin ont des voix qui conviennent bien à la salle, peut-être moins authentiquement au genre, et en cela une certaine inégalité s’installe entre eux et leurs collègues, probablement prédestinés au genre, mais trop souvent inaudibles. On ne s’en sort pas…
Renaud Loranger
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