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Génie baroque Paris
Théâtre du Châtelet
05/14/2004 - et 16, 19*, 22, 24, 26, 28 mai 2004
Jean-Philippe Rameau : Les Paladins
Topi Lehtipuu (Atis), Stéphanie d'Oustrac (Argie), Sandrine Piau (Nérine), Laurent Naouri (Orcan), René Shirrer (Anselme), Emiliano Gonzalez Toro (Un Paladin)
Centre Chorégraphique National de Créteil, Compagnie Montalvo-Hervieu
Les Arts Florissants, William Christie
José Montalvo (mise en scène)
Avant d'aborder cette soirée, posons ce nécessaire préalable, nous ne sommes pas à l'Opéra mais dans une «comédie-ballet», comme l'est intitulé Les Paladins (1760), et le metteur en scène-chorégraphe José Montalvo fait ici explicitement de la comédie et du ballet : il laisse de côté un livret qui, il est vrai, ne recule devant aucun anachronisme (apparition d'un palais chinois en plein Moyen-Age !) - les surtitres n'apparaissent d'ailleurs pas - pour créer une danse qui ose relever le défi de la folie débridée de la musique de Jean-Philippe Rameau. Puisant dans la danse contemporaine, le hip-hop et la vidéo, il fait preuve d'une imagination remarquable, d'une vraie caractérisation des sentiments des personnages, d'une virtuosité étonnante. Aucune monotonie ne s’installe, l’œil est toujours captivé. Projeté sur deux niveaux en fond de scène, le travail de la vidéo s'avère particulièrement brillant en ce qu'il mêle personnages enregistrés et réels, dans un univers de nuages, de jardins à la française et de bestiaire fabuleux. En deuxième partie, des danseurs nus apparaissent sur scène, un couple quitte la salle, mais que chacun se rassure, aucune grossièreté ne perce dans ces interventions, seulement la légèreté et l'innocence ; la vulgarité elle s'étale à la télévision ou dans les magazines people, certainement pas ici. Ludique, sensuelle et virevoltante, c'est la permanence de l'esprit baroque français qu'exprime cette charmante mise en scène de José Montalvo à la tête de sa très baroque troupe black-blanc-beur qui, à la scène, fonctionne parfaitement.
Les chanteurs se prêtent au jeu, notamment le solide ténor finlandais Topi Lehtipuu qui esquisse quelques pas de danse, la ravissante mezzo Stéphanie d'Oustrac, une Sandrine Piau enchanteresse ou l'impeccable Laurent Naouri. Les voix sont parfaites et l'orchestre des Arts Florissants également, porté par une direction très travaillée de William Christie, riche de couleurs, de rythmes, de vigueur, de respiration et qu'une certaine presse parisienne affecte de trouver imprécise ou manquant de nerf, on préfère en sourire. Continuez comme cela M. Christie, et M. Montalvo, revenez rendre visite à l'opéra, ou à la comédie-ballet !
Ce spectacle sera repris à Caen les 12 et 14 octobre 2004, au Barbican de Londres les 19, 21 et 22 octobre et au Grand Théâtre de Shangai les 31 octobre, 1er, 3 et 4 novembre. Il fait par ailleurs l’objet d’un enregistrement vidéographique.
Philippe Herlin
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