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Près du radiateur

Paris
Théâtre Mogador
05/15/2004 -  
Michaël Levinas : Clov et Hamm
Krzysztof Penderecki : Capriccio
François-Bernard Mâche : Phénix
Jérôme Naulais : Appels et Mirage
David Uber : Double portraits
Anthony Vazzana : Cambi

Christophe Sanchez (trombone), Stéphane Labeyrie (tuba), Nicolas Martynciow (percussion)


Dans sa série de concerts de musique de chambre du samedi matin, l’Orchestre de Paris s’autorise quelques fantaisies, comme le montrent de précédents programmes conçus autour de la harpe (voir ici) ou du cor (voir ici), mais en laissant carte blanche à son tuba solo, Stéphane Labeyrie, l’occasion était donnée, en lui adjoignant le tromboniste Christophe Sanchez et le percussionniste Nicolas Martynciow, de mettre en valeur des artistes souvent condamnés – «Au fond de l’orchestre…», pour reprendre l’intitulé plaisamment choisi pour cette heure de musique – à une trop grande discrétion.


Débutant et se terminant dans le noir, avec les bruits inquiétants d’une bande enregistrée, Clov et Hamm (1973) de Michaël Levinas plonge d’emblée le public dans l’atmosphère expérimentale des années 1970, à la recherche d’un renouvellement des formes traditionnelles du spectacle. Ici, le trombone et le tuba incarnent, dix minutes durant, les deux personnages de Fin de partie (1957) de Samuel Beckett, dont le climat à la fois grotesque, ironique, pessimiste ou même touchant trouve son équivalent dans les gémissements et grognements des deux instruments, qui tentent également, sans trop y croire, d’entonner une sorte de choral, tandis que la percussion ponctue irrégulièrement leurs interventions.


Les trois œuvres suivantes permettaient à chacun des musiciens de s’illustrer successivement en solo. Extraordinaire démonstration de virtuosité ludique, le Capriccio (1980) de Penderecki démontre en cinq minutes aussi bien la puissance des graves du tuba que son agilité surprenante dans les aigus.


Phénix (1982) de François-Bernard Mâche constitue un véritable tour de force pour le percussionniste, qui, doté de deux baguettes dans chaque main, doit parfois jouer en même temps du vibraphone et de neuf tom-toms de hauteurs différentes. L’opposition entre l’incantation ascendante de l’un et la scansion brutale des autres débouche de façon inattendue sur un dialogue, mais s’achève par une violente péroraison des tom-toms, comme en état de transe, à la manière de la conclusion de la Danse du diable de L’Histoire du soldat de Stravinski.


Appels et Mirage de Jérôme Naulais (né en 1951), tromboniste de l’Ensemble Intercontemporain, est naturellement destiné à son instrument et ces deux brefs morceaux d’une durée totale de cinq minutes le montrent tour à tour récitant, chantant ou menaçant.


David Uber (né en 1921, et non en 1932 comme l’indiquait le programme), trombone solo de l’Orchestre symphonique de la NBC, a composé trois courtes pièces (cinq minutes) sans prétention pour trombone et tuba, regroupées sous le titre Doubles portraits: Time Square, bien rythmé, Crépuscule, lyrique, et La ville s’éveille, aux rythmes sud-américains agréablement détraqués.


Pour conclure, un autre compositeur américain, Anthony Vazzana, avec Cambi (1977) pour tuba et percussion. Ce triptyque de dix minutes, de coupe classique (modéré/lent/vif) mais au langage elliptique, oppose, plutôt qu’il n’associe, un tuba soliloquant à une percussion très variée, les deux protagonistes finissant toutefois par se trouver dans la dernière partie.


Les trois solistes de l’Orchestre de Paris se retrouvent à nouveau au complet pour une sorte de «bœuf» final passant en revue divers rythmes de danses.



Simon Corley

 

 

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